Le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, a animé le premier événement du Sommet sur la santé | Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé, qui a rassemblé plus de 350 participants et participantes et suscité plus de 150 questions et commentaires.
Apprenez-en davantage sur le financement des soins de santé, lisez les faits saillants de l’événement et regardez un enregistrement de la séance ci-dessous.
Vidéo description et transcription :
La vidéo montre en tout temps quatre intervenants. À partir d’en haut à gauche, on peut voir, dans le sens horaire, le Dr Alika Lafontaine, animateur et président de l’AMC, Christy Clark, ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Chantal Hébert, chroniqueuse politique, et Stephen McNeil, ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse.
L’image d’ouverture est une diapositive sur laquelle est inscrit « Sommet sur la santé Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé ». Il y a aussi l’image d’un jeune médecin.
Stephen McNeil
Si on n’a pas une conversation au Canada sur l’accès aux soins primaires, rien ne va changer. Même si on investit beaucoup plus dans le système de santé, rien ne va changer pour le mieux.
L’image suivante est une diapositive affichant les noms de l’animateur et des trois panélistes.
Dr Alika Lafontaine
Nous parlons souvent de financement, et la question de la transparence et de l’imputabilité pour les patients et les praticiens – et même les gouvernements –, lorsqu’il s’agit des services de soins de santé. Est-ce que c’est le bon problème auquel s’attaquer?
Christy Clark
Oui, c’est un problème. Qui dépense sur la santé? Le fédéral et les provinces? Le fédéral a dit aux premiers ministres provinciaux et territoriaux, il n’y a pas si longtemps : « Vous prenez notre argent et vous investissez dans les augmentations salariales des infirmières et des médecins. » Et c’est ça qu’a fait l’Alberta, d’ailleurs. Et les provinces disent au fédéral : « Non, vous devriez payer 50 % des soins! Vous ne donnez pas les soins, donc ne contestez pas notre façon de dépenser. » Chaque province a des besoins différents, comme l’Alberta, qui était en situation de plein emploi à l’époque.
Chantal Hébert
Du point de vue des patients – et par « patients » je veux dire « électeurs » –, la question la plus importante ne serait pas la transparence et l’imputabilité : ça serait un accès rapide. Personne ne se soucie vraiment de qui dépense les fonds. Tout ce que les Canadiens veulent, c’est d’avoir accès aux soins au bon moment.
Stephen McNeil
La transparence n’est pas quelque chose dont les électeurs me parlaient. La priorité pour les électeurs n’était pas une question de transparence. Il faut changer le modèle, et comme ça on va pouvoir décider par la suite combien on va payer aux gens dans le système. J’espère qu’on pourrait avoir une conversation sur l’accès aux soins, suivie d’une conversation sur où aller chercher les professionnels.
Dr Alika Lafontaine
Est-ce qu’on devrait déconnecter la réforme de la santé des gouvernements, parce que chaque progrès est détruit par les élections tous les quatre ans?
Stephen McNeil
Ça serait génial si on pouvait le faire, mais tous les quatre ans, les premiers ministres doivent se faire réélire; c’est un fait.
Christy Clark
Nous n’allons jamais voir la réforme dont on a besoin dans le système de santé si on s’en remet aux gens qui travaillent selon un cycle de quatre ans. Ces gens-là ne sont pas, finalement, en mesure d’apporter les grands changements dont on a besoin.
Chantal Hébert
Je suis d’accord. Les pratiques exemplaires doivent commencer au niveau local et régional. Ça ne peut pas être une approche descendante. Mais ça me rappelle qu’on me paye pour vivre dans le vrai monde, et dans le vrai monde, les gouvernements ne vont pas céder l’organisation du système de soins de santé à des acteurs non politiques.
Dr Alika Lafontaine
Est-ce que vous pensez qu’on peut parler plus de valeur plutôt que de réduction des coûts?
Christy Clark
On peut avoir différents incitatifs. Par exemple, nous avons fait une expérience en Colombie-Britannique dans les salles d’urgence, où on augmentait le budget des salles d’urgence dans un hôpital si des solutions de changements que les gens qui travaillaient là avaient créées et mises en application eux-mêmes entraînaient moins de coûts. Alors, ils pouvaient garder l’argent qu’ils avaient sauvé pour d’autres choses. Ce que nous avons trouvé, c’est que les professionnels dans des zones spécifiques d’un hôpital savent exactement où ils peuvent épargner. Ils travaillent dans un système qui ne réagit pas, ils font des suggestions et jamais rien ne se passe – presque jamais. En donnant aux professionnels eux-mêmes la capacité de changer les choses et en leur donnant des incitatifs, non pas personnellement, mais à leur département, ça a engendré beaucoup de changements positifs, par exemple pour les temps d’attente, l’expérience des patients, toute une gamme de choses a changé d’un point de vue mesures.
Stephen McNeil
Je pense que l’idée de Christy est bonne. On aurait dû savoir que vous étiez en train de faire ça, mais votre concept est très intéressant, celui que vous venez de mentionner, parce que ça permet aux gens qui sont là – les professionnels qui sont là, et qui sont responsables des budgets et des procédures – de ne pas avoir peur d’innover, parce qu’ils garderont cet argent.
Dr Alika Lafontaine
Souvent, on entend que les médecins et les infirmières veulent changer de modèle de livraison, avoir des modèles de collaboration, avec plus de professionnels. Quand des conversations sont tenues par les gouvernements, pour être plus inclusifs, quels sont les autres travailleurs de la santé qui devraient faire partie de ces équipes-là qu’on n’est peut-être pas en train d’inclure dans ces conversations?
Christy Clark
Les ambulanciers. C’est ce qu’on fait à Ottawa, par exemple. On a un modèle là-bas où ils font des soins de santé pour les personnes âgées chez elles. Alors, on pourrait inclure les ambulanciers; les pompiers aussi, qui font des fois des soins d’urgence.
Chantal Hébert
Les pharmaciens, peut-être en premier. On l’a vu pendant la pandémie : le nombre de choses qu’on peut faire avec son pharmacien… beaucoup plus qu’il y a 10 ans – c’est incomparable. On pourrait régler beaucoup de problèmes en impliquant les pharmaciens. Je peux aller me faire vacciner, je n’ai plus besoin d’aller voir un médecin pour me faire vacciner.
Stephen McNeil
Maintenant, les aînés peuvent aller voir un pharmacien pour regarder la liste de médicaments que la personne âgée prend. Les travailleurs sociaux doivent être impliqués également. Ils doivent aider les gens avec les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. Une des mesures d’appui qu’on pourrait peut-être mettre en œuvre pour aider les familles de façon précoce : on devrait permettre à toutes les professions de pratiquer selon leurs compétences, selon leur formation, et ça doit inclure également les travailleurs sociaux.
Dr Alika Lafontaine
C’est une bonne discussion. Ces sessions sont frustrantes, parce qu’on veut passer à l’acte. Alors qu’est-ce que nous pouvons faire? Comment est-ce qu’on peut entamer le changement?
Chantal Hébert
Pour les membres individuels qui écoutent ce webinaire, vous avez un petit peu de marge de manœuvre. Vous pouvez apporter les changements à votre propre niveau, malgré la bureaucratie ou même dans la main avec la bureaucratie. Faire preuve de créativité n’est pas interdit par la loi ni par le gouvernement fédéral. Deuxièmement, allez chercher un appui dans votre domaine pour forcer le gouvernement à se rendre compte de la dégradation du système de santé. C’est ça que vous devez faire. C’est la meilleure chose que vous puissiez faire pour vos patients, mais vous devez le faire ensemble.
Christy Clark
Le problème, c’est que les Canadiens semblent penser que si on n’a pas le même système qu’on a aujourd’hui, qui est loin d’être parfait, qu’on va avoir un système américain, et ce n’est pas vrai du tout. Parler de cela publiquement pourrait, finalement, créer des possibilités pour les changements au niveau politique.
Stephen McNeil
Si les associations parlaient avec une seule voix, vous allez être une voix puissante pour les patients, et c’est ça l’élément le plus important. Personne ne croit aux politiciens. On peut donc parler de la transformation, mais si les organismes comme le vôtre ne disent pas la même chose, ne prônent pas la même idée, ça va être très difficile à mettre en œuvre. Donc, mon appel à l’action, ça serait de vous encourager à renforcer vos relations avec les associations provinciales et ensuite élaborer une nouvelle idée sur le modèle.
Dr Alika Lafontaine
Merci d’avoir participé à cette conversation très stimulante. Merci à Christy Clark, Chantal Hébert et Stephen McNeil d’avoir participé à cette conversation fort intéressante. Merci beaucoup.
Maintenant, on va passer à la prochaine partie de notre webinaire. Je vais demander, donc, à Katharine Smart et Toni Leamon de se joindre à moi maintenant. Qu’est-ce qui ressort de la conversation pour vous?
Toni Leamon
Premièrement, l’imputabilité, la reddition de comptes. Lors de cette conversation, on a parlé de la reddition de comptes au niveau provincial, au niveau fédéral, mais la reddition de comptes doit avoir lieu à tous les niveaux. Nous sommes tous redevables envers les patients. Quand on habilite, quand on responsabilise les patients, les interventions peuvent être finalement améliorées, adaptées aux besoins.
Katharine Smart
Où existe cette imputabilité dans notre système? Nous ne regardons pas les résultats dans notre système. Il n’y a personne qui est responsable pour les résultats. On n’est pas en train d’encourager les gens à donner des résultats positifs pour les gens. Sans ça, je ne vois pas comment on peut avoir des changements positifs. Aussi, ce dont Christy a parlé au sujet du budget, je pense que ce qui empêche souvent l’innovation, c’est d’avoir le statu quo quant à la façon dont les choses sont faites. Je suis entièrement d’accord, mais on sait que ce n’est pas comme ça que les budgets fonctionnent; on sait très bien que si vous ne dépensez pas l’argent dans le budget de l’année prochaine, vous ne l’aurez pas l’année prochaine. Alors, il y a des changements bureaucratiques que l’on devrait faire maintenant pour motiver les gens. Dire : « Bon, si je veux être récompensé pour ce changement, j’ai des idées, je vais faire des changements pour mes patients, je vais avoir plus d’accès aux ressources, et ça va être bien. » L’important, c’est d’avoir la bonne conversation sur les bonnes affaires au bon moment. Et ça, c’est beaucoup plus important que l’argent, tout simplement.
Le deuxième événement de la série Sommet de l’AMC sur la santé : Choix audacieux pour les soins de santé – qui portait sur l’amélioration de la prestation des soins – a réuni le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, le Dr Brian Goldman, auteur, animateur de radio à la CBC et urgentologue, Deb Matthews, ancienne ministre de la Santé de l’Ontario, la Dre Rita McCracken, chercheuse et médecin de famille, ainsi que Claire Snyman, représentante des patients.
Apprenez-en davantage sur les modèles de prestation des soins, lisez les faits saillants de l’événement et regardez un enregistrement de la séance ci-dessous.
ALIKA LAFONTAINE : Bonsoir comme d'habitude ici à l'AMC, notre deuxième conversation, donc, je vous parle du territoire traditionnel non cédé des peuples Algonquins Anichinabés, car nous avons plus de 800 participants qui se sont inscrits dans les territoires traditionnels d'une nation à l'autre.
Donc, pensez au territoire dans lequel vous vous trouvez ce soir.
Bienvenue donc au deuxième événement des choix audacieux en santé.
Lors de notre première session, nous avons parlé de plusieurs thèmes dont donner aux fournisseurs et aux patients la possibilité de décider des résultats, innover d'à partir du bas et éliminer les obstacles entre les professionnels.
Aujourd'hui, nous allons donc parler d'un système de santé efficace et plus précisément comment dispenser les soins aux patients.
Nos modèles ont déjà fonctionné par le passé, mais on voit les écarts d'accès se creuser.
Les temps d'attentes montent et le système ne fonctionne plus.
Il y a plusieurs exemples de cela et chacun des participants et des conférenciers reconnaît finalement que nous vivons une situation très difficile dans les hôpitaux actuellement.
Alors, nous pensons aux familles et aux fournisseurs qui sont aux prises avec cette crise.
Se faire vacciner contre la COVID est très important.
On doit porter un masque et on doit être finalement gentil avec les fournisseurs.
Qu'est-ce qu'on peut faire de mieux en soins primaires et chirurgicaux et que pouvons-nous apprendre des modèles existants ?
Si vous voulez partager vos pensées par Twitter, on va utiliser le mot-clip AMC choix audacieux et comme ça, vous allez pouvoir suivre la conversation de ce soir.
Nous allons commencer par une séance de questions et réponses modérée de 40 minutes avec nos conférenciers, suivie d'une séance de questions et réponses de 40 minutes avec vous.
Les questions seront présentées sous forme de texte.
Il y a un bouton qui est marqué Q&A et vous pouvez donc poser votre question de cette manière.
Nous demandons à chacun de soutenir une discussion respectueuse, professionnelle et collaborative ce soir.
Les questions discriminatoires et diffamatoires ne seront pas abordées.
Maintenant, permettez-moi de vous présenter nos quatre panélistes : le Docteur Brian Goldman, urgentiste à Toronto et animateur de l'émission de radio White Coat, Black Art de la CBC.
Son dernier livre, The Power of Teamwork démontre comment une approche basée sur l'équipe peut améliorer tous les aspects du système de santé.
Deb Matthews a passé de nombreuses années à l'Assemblée législative de l'Ontario, notamment en tant que ministre de la Santé et des Soins de longue durée.
Elle a fait adopter la Loi sur l'excellence des soins pour tous en 2010, qui a renforcé la responsabilité du système de soins de santé.
Elle est actuellement Senior Fellow à la Dalla Lana School of Public Health à Toronto.
Bienvenue.
La Docteure Rita McCracken est médecin de famille à Vancouver et professeure adjointe au département de médecine familiale de l'Université de la Colombie-Britannique.
Elle étudie actuellement la pénurie de médecins de famille en Colombie-Britannique.
Elle cherche notamment à savoir comment évaluer les changements dans la disponibilité des soins primaires.
Bienvenue.
Et enfin, Claire Snyman est une écrivaine conférencière, et défenseure des droits basée à Vancouver et membre du groupe consultatif de l'AMC Voix des patients.
Ses livres sont basés sur son expérience personnelle.
Elle continue finalement à militer pour un meilleur accès aux soins et a contribué à une étude avec des neurochirurgiens de l'Université Johns-Hopkins.
Bienvenue.
Maintenant, nous allons vous poser la première question pour ce soir.
Le statu quo ne fonctionne tout simplement pas.
Nous voulons tous de bons soins.
On va commencer avec Claire.
Je pose la question suivante : à quoi cela ressemble-t-il ?
CLAIRE SNYMAN : Merci beaucoup, merci d'avoir commencé avec moi.
Tout d'abord, merci de nous permettre finalement d'exprimer la Voix des patients.
Le changement du statu quo est en fait une question très importante pour moi et j'espère que notre conversation aujourd'hui entre médecins et patients va nous permettre finalement de trouver des façons pour passer à l'acte, pour améliorer le système.
Quand je pense à un modèle de bons soins, d'abord, pour moi, c'est un bon modèle pour les patients.
C'est également important que ça fonctionne bien pour les familles.
Tout d'abord, le système viendrait me soigner là où je suis pour que je puisse obtenir les bons soins au bon moment et de façon rapide.
C'est peut-être trop demander, vous nous avez demandé de faire preuve d'audace.
Ce modèle, finalement, tiendrait compte des besoins de tous les patients.
Ce serait effectué en partenariat avec les patients.
On s'est penché sur ce que ça veut dire pour nous, à la Voix des patients.
Pour nous, ce serait une collaboration équitable entre les décideurs, les patients, les fournisseurs de soins et également ceux qui prennent soin de nous.
Ce serait basé sur la communication, la collaboration et une prise de décision conjointe.
Pour les patients, un bon modèle de soins voudrait dire ou serait synonyme, finalement, de soins sans heures.
Moi, j'ai finalement plusieurs maladies et un bon système me permettrait finalement de mieux naviguer dans celui-ci.
En fin de compte, ce serait plus facile, pas seulement pour moi, mais pour les fournisseurs de soins, ceux qui prennent soin de moi.
Une dernière chose, si je devais vous donner l'exemple d'un bon modèle de soins, il y aurait un système de partage d'informations à son cœur et cela me permettrait d'avoir accès à mes dossiers médicaux, peu importe où je me trouve et peu importe l'équipe de santé qui me traite.
Ça nous donnerait le temps de vraiment nous concentrer sur ce qui est important pour nous.
Ça me donnerait la possibilité de poser des questions et ça permettrait aux fournisseurs de dispenser de bons soins, ça permettrait le partage des données et d'avoir accès à toutes les informations.
C'est peut-être une utopie, mais pour moi, c'est un modèle idéal pour les patients.
ALIKA LAFONTAINE : Merci.
Brian maintenant, je vous cède la parole.
Quel est votre point de vue comme urgentologue ?
Ensuite, on cédera la parole à Rita.
On aimerait savoir ce que dit la littérature sur les bons soins.
Et Deb, vous êtes peut-être la seule qui reconçoit les systèmes comme décideuse. J'imagine que votre vision de bons soins est très différente peut-être des nôtres.
On va commencer avec vous, Brian.
BRIAN GOLDMAN : Merci beaucoup, Alika.
Je suis content que vous ayez commencé avec Claire.
De bons soins, finalement, réagissent aux besoins des patients.
Ce n'est pas quelque chose qu'on leur impose, ça doit combler leurs besoins.
On doit leur demander ce qu'il leur faut.
Et par rapport à ce qu'a dit Claire, moi je rajouterais ce qui suit : ce doit être un système qui fait beaucoup plus que de dispenser de bons soins.
On doit agir en amont, on doit finalement régler les problèmes avant que ceux-ci ne deviennent graves.
De mon point de vue, comme urgentologue, je vois qu'on a vraiment besoin de bons soins primaires.
Je veux entendre le son de cloche de Rita.
Il y a un grand écart pour ce qui est des soins primaires au Canada.
On peut faire mieux.
Pour moi, ça veut dire moins de patients aux urgences parce qu'ils ne peuvent pas aller ailleurs, parce qu'ils n'ont pas de médecin de famille ou ils ne peuvent pas obtenir un rendez-vous avec leur médecin de famille.
Si on réglait ces problèmes-là, je verrais surtout les patients qui vivent des situations d'urgence en réalité.
Nous, ceux qui travaillent dans la santé, peu importe les soins qu'on dispense, on doit travailler en équipe.
C'est une chose dont je vais vous parler à répétition.
On parle beaucoup de travailler en équipe, mais on ne comprend pas ce que ça veut dire.
Il me ferait plaisir d'en parler plus tard, mais l'équipe, finalement, est plus importante que les membres individuels.
Ça réduit notre stress parce que je ne suis pas tenu de trouver toutes les réponses, je peux finalement m'en remettre aux autres.
Quand on travaille dans une équipe, je travaille finalement sans heurts.
Il y a un renvoi, finalement, de l'infirmière praticienne et ensuite, moi je peux faire un renvoi aux spécialistes.
On doit tous travailler ensemble.
Ce sont des changements qu'il faut apporter pour améliorer la situation au Canada.
ALIKA LAFONTAINE : Rita, à vous.
RITA MCCRACKEN : Oui.
Sans surprise, il n'y a pas une seule solution au problème de la santé au Canada.
Il y a beaucoup d'informations dans la littérature.
Nous devons réfléchir à bâtir un système qui n'est pas composé de héros, mais plutôt d'êtres humains.
On a vu pendant la pandémie et pendant cette dernière crise de maladies respiratoires... On voit ce qui se passe quand on demande aux gens de tout faire.
On le voit dans les soins primaires.
On a beaucoup parlé finalement des soins dispensés par une équipe, mais on n'a pas encore passé à l'acte.
Il y a de bons exemples de cela.
Les centres communautaires qui existent au Canada depuis plus de 60 ans et qui sont basés dans la collectivité, dirigés par la collectivité et qui donnent de bons résultats pour les patients, mais qui ne sont pas véritablement intégrés dans le système.
J'ai beaucoup d'idées dont j'aimerais vous parler, surtout ici en Colombie-Britannique, parce que la pénurie s'aggrave tous les jours.
Si on se concentre sur les héros, sans créer un contexte où on peut travailler en équipe, c'est ce qu'il faut changer.
Il faut vraiment changer notre mentalité.
ALIKA LAFONTAINE : Deb.
DEB MATTHEWS : C'est une question de taille.
Je vais tenter d'y répondre.
J'ai certaines questions ou problèmes techniques.
Soyez indulgents.
Claire l'a dit avec beaucoup d'éloquence d'ailleurs, les patients ont besoin de bons soins, cela veut dire des soins axés sur les preuves.
Nous devons dispenser les bons soins au bon moment.
On doit finalement traiter les problèmes en amont pour que les gens aient accès aux soins au bon moment et au bon endroit.
Nous devons investir dans les options pour les gens à l'extérieur des hôpitaux pour qu'on puisse dégager les hôpitaux pour ceux qui ont besoin de soins aigus et on doit offrir le soutien dont les gens ont besoin pour passer à la prochaine phase de leurs soins, que ce soit une réhabilitation ou que ce soit à domicile, mais il faut investir dans les solutions à l'extérieur des hôpitaux et les bons fournisseurs.
On doit finalement permettre aux fournisseurs de travailler en équipe.
Les soins dispensés en équipe dégageront les médecins pour leur permettre, finalement, de traiter les gens qui en ont vraiment besoin.
D'autres gens pourraient être encouragés à se tourner vers des physiothérapeutes, vers des travailleurs sociaux.
Donc, bon endroit, bon soin, bon fournisseur.
On doit vraiment se concentrer sur les déterminants sociaux de la santé.
Ce n'est pas logique pour nous de payer une amputation pour quelqu'un qui n'a pas obtenu de bons soins, mais on n'a pas les fonds nécessaires pour prévenir l'amputation.
Alors, nous devons finalement nous concentrer sur les déterminants sociaux de la santé.
Il y a un déséquilibre finalement.
C'est très facile de dispenser les soins médicaux, mais ce n'est pas possible finalement d'obtenir l'aide dont une personne a besoin pour bien manger.
ALIKA LAFONTAINE : J'aimerais modifier la question un petit peu.
Claire, j'ai lu vos livres et de votre expérience, vous avez pris position, vous avez décidé que vous alliez gérer vos propres soins et maintenant, vous montrez aux autres patients comment emboîter le pas.
Quand on parle au gouvernement, finalement, on présente les régimes de soins selon la façon dont on nous rémunère.
Quand vous parlez des gens que vous connaissez, est-ce que vous voyez vraiment ou vous observez, finalement, les régimes différents qui existent au sein du système de santé ?
CLAIRE SNYMAN : C'est une bonne question.
Finalement, la situation a changé après la COVID à cause du stress vécu par le système.
Si je pense au continuum de soins, par exemple mon médecin de famille que je vois régulièrement, je suis vraiment reconnaissante envers cette personne, j'ai le temps finalement de parler directement avec mon médecin, de poser mes questions et j'ai l'impression que j'ai le temps de poser mes questions également. Mais quand je sors du cabinet de mon médecin de famille, quand on me renvoie à un spécialiste, même si je suis une patiente éclairée, mon impression, finalement, ou ma perception du contrôle que j'exerce évolue.
Je n'ai plus le contrôle sur quand je vais pouvoir consulter le spécialiste, quand je vais obtenir l'IRM, etc., et pour moi, ça crée beaucoup d'incertitudes.
C'est un défi pour moi. Et comme patiente éclairée, je sais qu'il faut que je fasse un suivi, je dois appeler, mais ce n'est pas quelque chose que feraient tous les patients.
Moi, je dis toujours aux autres patients qu'il faut appeler pour connaître la liste d'attente, faire un suivi sur les résultats d'analyse, par exemple.
Si je vais aux urgences, avant la COVID, c'était quelque chose que je faisais régulièrement, maintenant, la situation est très différente.
J'ai de l'asthme aigu, mais je veux pouvoir y aller.
Je sais que je dois y aller, mais je ne sais pas à quoi m'attendre forcément maintenant.
C'est difficile pour les patients de savoir comment naviguer dans le système et ça cause beaucoup d'incertitudes et d'angoisse.
ALIKA LAFONTAINE : Brian, à vous.
BRIAN GOLDMAN : Merci, Alika.
Claire a mentionné beaucoup de choses.
Je sais qu'on veut parler de la fragmentation parce que c'est un thème très important.
Elle a parlé de ne pas avoir assez de temps.
Ne pas avoir assez de temps : la pression temporelle est quelque chose que nous devons, finalement, aborder parce que c'est inacceptable pour les professionnels et certainement pour les patients.
On peut y remédier de bien des façons.
Autre chose qu'il faut faire, il y a la question tout d'abord du stress et de la rareté, de la pénurie.
On peut y remédier de bien des façons, mais il y a une pression temporelle.
On a très peu de temps, on doit finalement courir d'un patient à l'autre.
Il faut réintégrer le temps dans le système.
Il y a des façons pour y arriver et on peut en parler.
ALIKA LAFONTAINE : Rita et Deb pour vos observations maintenant.
Vous êtes en mode sourdine, Deb.
Vous êtes encore en mode sourdine.
RITA MCCRACKEN : Alors, je vais intervenir.
J'aime bien l'idée qu'on doit habiliter les patients comme Claire à gérer leurs propres soins, mais en même temps, c'est demander beaucoup des patients.
Nous devons comprendre ce que peut faire le patient et ce que peut faire le système parce que sinon, on va voir les patients qui ne disposent pas des mêmes ressources que Claire, qui ne peuvent pas naviguer dans le système.
Donc, on doit intégrer les mécanismes pour habiliter ou responsabiliser les patients selon leurs moyens.
ALIKA LAFONTAINE : Deb, vous avez un complément d'information à ajouter ?
Vous êtes toujours en mode sourdine.
Donc, on va passer à Claire à nouveau.
CLAIRE SNYMAN : Merci, Rita.
C'est très, très important.
Tout le monde a un niveau de littératie ou de sensibilisation différent, peu importe notre niveau de scolarisation.
Le système de santé est un contexte étranger pour bien des gens et il faut appuyer les patients et également les familles des patients qui doivent passer à travers ce contexte qui leur est peu familier.
Quand on pense au nouveau modèle, il faut appuyer les patients.
Il faut vraiment habiliter les patients et leur famille également.
ALIKA LAFONTAINE : Vous voulez intervenir ?
DEB MATTHEWS : Est-ce que vous m'entendez maintenant ?
ALIKA LAFONTAINE : Oui, oui, oui.
DEB MATTHEWS : C'est très bien, merci beaucoup.
J'ai l'impression que l'on sait ce qu'il faut faire.
On en parle depuis très longtemps, n'est-ce pas ?
Mais maintenant, il faut faire preuve d'audace et vous avez baptisé cette série Choix audacieux, mais il faut également des actions audacieuses.
Et pourquoi faudrait-il passer à l'acte de façon urgente ?
Parce que les gens perdent confiance finalement envers le système de santé canadien.
On commence à voir finalement des soins de santé privés.
Il y a une compagnie qui vous permet de passer en tête de liste.
Ça vous coûte 28 000 dollars, mais vous devez, finalement, aller vous faire soigner dans une autre province.
Seulement certaines personnes auraient les moyens financiers pour se le permettre.
Je suis préoccupée.
Si on ne passe pas à l'acte, si on n'agit pas pour améliorer le système de santé, on risque de perdre notre système de soins universels.
ALIKA LAFONTAINE : Vos conseils sont très sages.
Rita, à vous.
Très rapidement, bien évidemment, le stress dont on parle existait déjà avant la COVID, mais il a évolué un petit peu à cause de la COVID.
Où se trouvent les obstacles ?
Pourquoi ne peut-on pas modifier le système ?
Pourquoi ne peut-on pas dispenser de bons soins ?
Pourquoi ne peut-on pas assurer ou garantir la confiance des gens ?
Quels sont les obstacles que vous constatez et quelle a été l'évolution de ces obstacles ?
RITA MCCRACKEN : Je pense que l'une des conversations que l'on doit avoir, c'est l'obstacle que les médecins ont posé au changement.
Les médecins ont menacé de faire la grève quand ils ne peuvent pas faire à leur tête.
C'est arrivé un peu partout au Canada et le monde a changé depuis 1962 quand Tommy Douglas a ouvert la conversation sur le système de soins de santé.
Nous ne sommes pas les seuls qui peuvent donner de bons soins de santé.
Il y a d'autres membres d'équipe très importants qui doivent être impliqués dans cet échange et bien souvent, en situation de crise, ce sont les médecins et les gouvernements qui s'assoient derrière des portes closes et c'est un choix audacieux que l'on pourrait faire maintenant de ne pas tenir ces échanges derrière des portes closes et nous assurer d'avoir toutes les bonnes personnes à la table : les autres fournisseurs de soins, des patients et des membres de la communauté.
Les soins de santé appartiennent à la communauté.
Moi, je travaille dans une grande pratique familiale à Vancouver.
J'ai des connaissances en VIH et maintenant, j'ai des patients qui ont parcouru plus de 500 kilomètres pour venir me voir parce qu'ils n'arrivent pas à trouver un autre médecin de famille qui prendra un patient additionnel atteint de VIH, en fait.
Ce n'est pas possible !
Il faut qu'on revoie notre façon d'organiser les soins pour 2022, ce qui veut dire pas seulement dire les médecins.
ALIKA LAFONTAINE : Alors, Brian.
BRIAN GOLDMAN : Oui, j'ai quelques points là-dessus.
Je ne suis pas en désaccord avec ce que dit Rita, on a besoin d'un nouveau modèle. Mais je veux quand même défendre les médecins de famille ici, parce que j'ai passé du temps dernièrement en Colombie-Britannique.
J'ai passé du temps avec le Docteur Chris Applewood qui est médecin et en milieu de carrière, il a décidé de se lancer en médecine familiale.
Salt Spring Island, c'est un bon endroit où élever ses enfants, mais pas un bon endroit pour pratique la médecine familiale.
Il a décrit la situation comme étant en pénurie de ressources, les médecins n'ont pas d'IRM, ils n'ont pas le temps de s'occuper du soin des patients atteints de cancer et ils sont ensevelis dans la paperasserie.
Il n'est pas avec sa famille, il a beaucoup de paperasserie à remplir.
Tout le monde va surveiller ce qui se passe là en Colombie-Britannique.
Je ne pense pas que le système dessert très bien les médecins de famille.
J'aimerais bien avoir un service tout à fait différent, qui repose sur le travail d'équipe. Mais il est très difficile de transformer tout cela comme par magie, en un claquement de doigts.
Il y aura toute une cohorte de praticiens qui connaissent bien le système et qui ne voudront pas facilement carrément le changer.
Ce que je préférerais, c'est de dire que les diplômés, avant une certaine année, vont fonctionner en modèle d'équipe comme ce dont on parlera sous peu, le genre de modèle de clinique communautaire où on commence en première année au Collège Professionnel, tous les alliés de la santé étudieraient ensemble et commenceraient à voir ce que c'est que de travailler ensemble.
Ainsi, on aurait des équipes dès le départ et ensuite, ils pourraient se lancer dans la communauté une fois le diplôme en poche.
Ils pourraient desservir une région géographique.
On ne pourrait pas leur permettre de choisir.
On leur choisirait un secteur géographique pour qu'ils desservent les résidents de ce secteur.
Ça, c'est toute une transformation et ce ne sera pas facile.
ALIKA LAFONTAINE : Je vais demander à Claire de passer à la prochaine question.
Comme fournisseur de soin de santé, on voit les problèmes un petit peu différents. Il y a toujours deux côtés à la médaille.
Les travailleurs ont leur expérience et je pense que le pendule est passé d'un côté à l'autre.
On a des gens qui ont travaillé dans le système depuis longtemps et peut-être qu'on a ignoré les luttes qu'ont dû mener les travailleurs dans le domaine de la santé.
Il y en a qui ont essayé de reconcevoir le système.
Qu'est-ce que vous pensez d'après ce que vous avez entendu de Brian jusqu'à maintenant ?
CLAIRE SNYMAN : Je pense qu'il y a de très bons points qui ont été soulevés.
On parle de choix audacieux.
Une des choses qui est arrivée avec la COVID, pensons-y un peu, pensons aux enseignements qu'on a tirés, aux choses qui sont arrivées, des réactions instinctives qu'on a eues.
Il faudrait peut-être penser à d'autres façons de nous offrir des soins de santé.
On est arrivé aux soins virtuels maintenant à cause de la pandémie.
La réalité d'offrir des soins à des personnes à distance, finalement, s'est concrétisée.
La santé virtuelle est une possibilité maintenant.
Comment peut-on prendre ces possibilités extraordinaires qui ont repoussé les obstacles dans le système de soins de santé ?
Il faut arrêter de se frapper la tête sur le mur.
Je me demande pourquoi on ne peut pas repousser ces structures en place.
Est-ce qu'on ne peut pas tirer des leçons de ce qu'on a vécu pendant la COVID, de la collaboration qui a eu lieu ? Pourquoi ne se dit-on pas : « Pourquoi ne pas se servir de ces leçons maintenant pour aller de l'avant ? » ALIKA LAFONTAINE : Merci. Deb.
DEB MATTHEWS : Oui, il faut que ce soit les patients qui nous dirigent vraiment.
Je pense qu'on a toujours la Voix des patients d'incluse par symbolisme, mais je pense qu'il y a lieu de les écouter très attentivement, ces patients, de façon beaucoup plus formelle que maintenant pour que les patients dirigent les fournisseurs de soins, pour qu'ils comprennent aussi qu'ils travaillent pour les patients, parce que ce sont eux qui paient pour le système, c'est le public qui paie pour le système et ce sont les patients qui devraient avoir voix au chapitre dans notre façon d'offrir des soins.
Les patients aiment cela les soins virtuels parce que ça leur épargne de parcourir 500 kilomètres pour aller voir un médecin.
Mais en Ontario, on vient de faire le contraire.
On ne veut pas encourager les soins virtuels, pourtant, c'est bien mieux pour les patients.
ALIKA LAFONTAINE : C'est une très bonne discussion jusqu'à maintenant.
On va passer à certaines des questions qui ont été présentées par les participants.
Alors, si vous voulez présenter des questions, allez au bas de votre écran et vous pouvez envoyer une question.
Si vous avez une question que vous aimez, appuyez sur le cinq.
Si ce n'est qu'un commentaire, on peut simplement les lire.
Alors qu'on pose ces questions, je demanderais aux panélistes de nous dire aussi comment on peut soutenir de nouveaux modèles de prestation de soins et qu'est-ce qu'il faudrait changer dans le comportement des gens ou des patients, quelles sortes de choses devront changer.
Par exemple, est-ce qu'on doit garder le modèle de praticien seul quand on parle de soins primaires ?
Il y a beaucoup de documentation sur le travail d'équipe dans plusieurs domaines.
Le fait qu'on ne le fasse pas très bien, nous, veut dire qu'il y a des choses qui jouent contre cela.
Par exemple, qu'est-ce qu'on pourrait corriger et quel incitatif nous emmène dans la mauvaise direction ?
On commence avec Deb.
DEB MATTHEWS : Moi, je pense que c'est vrai, qu'on obtient les résultats qu'on a voulu obtenir.
C'est un problème en Ontario en tout cas, je suppose qu'ailleurs aussi.
Les cas complexes ne sont pas recherchés par les médecins parce que la rémunération n'est pas suffisamment supérieure.
Disons qu'un utilisateur fréquent des soins de santé, par exemple, est mieux.
Alors, il y a des gens qui ne sont pas bien desservis à cause de la rémunération.
Je ne dis pas qu'il faut dépenser plus, mais je pense qu'il faudrait rééquilibrer les choses parce que les incitatifs privent certaines personnes d'obtenir les soins dont ils ont besoin.
ALIKA LAFONTAINE : Si jamais vous avez quelque chose à dire sur les questions des participants, levez la main.
Brian.
Vous êtes en sourdine.
BRIAN GOLDMAN : Merci.
Il y a des facteurs de culture et des facteurs systémiques qui ont tendance à ne pas favoriser les soins d'équipe.
D'abord, la pression exercée par le temps.
Tout le monde se sent pressé et quand on est stressé, on retourne à nos instincts primitifs, c'est-à-dire s'en tenir à notre petit groupe et identifier les gens de l'extérieur qui ne comprennent pas comment on pense, qui préconisent les attitudes de silo, de hiérarchie, surtout dans les soins à l'hôpital. Les spécialistes ont généralement plus d'influence que les médecins en soins primaires, qui ont plus d'influence que les infirmières, etc.
Donc, il y a un ordre hiérarchique.
Je ne parle pas de la culture de soins infirmiers, mais il y en a un en médecine.
Quand j'ai été formé, que j'ai obtenu mon diplôme, les gens ne m'aidaient pas à répondre aux questions, j'ai dû répondre aux questions seul. Et on croit que si je n'ai pas toutes les réponses, pourquoi serais-je là ?
Il faut passer par-dessus cela.
J'ai appris beaucoup plus tard dans ma carrière que je suis bien meilleur en situation d'urgence quand je suis entouré d'apprenants, d'infirmiers, d'infirmières, d'adjoints, de médecins.
Il y a aussi un manque d'expérience avec le travail d'équipe.
On ne comprend pas toujours ce que veut dire avoir des connaissances d'équipe.
RITA MCCRACKEN : Oui et j'ajouterais là-dessus que dans l'ensemble, surtout pour ce qui est des soins primaires, la somme totale de notre transformation, c'est de parler de la rémunération des médecins d'une façon nouvelle.
Cela s'adresse directement à des médecins individuels.
Donc, on ne parle pas de soins d'équipe.
Et pour revenir à ce qu'a dit le Docteur Goldman, on croit dans notre profession que ce que je fais, c'est parfait.
Cette idée d'amélioration constante, au lieu de passer à la prochaine étape, on cherche constamment des solutions rapides.
Pour un médecin de famille, il faut régler un problème en 12 minutes.
S'il y avait une solution facile au désastre que l'on vit maintenant, ce serait magnifique, on l'aurait déjà trouvé s'il y en avait une.
Le problème est trop complexe et il nous faut vraiment examiner ce que nous sommes en train de faire et nous dire que c'est correct d'essayer quelque chose, de faire une erreur et de se réajuster.
Voilà ce à quoi il faut penser : à notre façon d'éduquer et à notre façon de s'entraider.
ALIKA LAFONTAINE : Claire, cette question est souvent posée aux fournisseurs, alors je vais vous la poser maintenant.
Ça vient de Greg Manning.
« Notre système de soins de santé, malheureusement, finance les procédures par incitation, les opérations à l'hôpital par exemple.
Quel changement devrait être fait au niveau du système pour se focaliser désormais sur la prestation de soins primaires ? » CLAIRE SNYMAN : Ça, c'est une bonne question.
Pour moi, je pense que les soins primaires, c'est le pilier primaire du système de soins de santé et tout découle de là.
Démontrer que la valeur est essentielle pour financer cela.
Si vous me demandiez comme patiente et que vous me disiez...
En fait, si on me donnait 100 $ et qu'on me demandait : « Comment partageriez-vous cet argent ? », pour moi, la grande partie irait aux soins primaires parce que cela est préventif.
On s'assure que les soins quotidiens ou les conditions chroniques comme mon état sont soutenus jour après jour pour que je n'aie pas à aller à l'urgence.
Mon médecin de famille, c'est lui que je vois 80 % du temps.
Le reste, je les vois 20 % du temps. Mais dans le système de soins de santé qu'on a maintenant, on est tellement concentré sur les soins aigus qu'on n'a pas réparti le financement. Même si on n'est pas un patient, on voit les soins aigus comme étant la solution à tout dans le système de soins de santé.
Si j'avais 100 $, je le dépenserais comme cela.
C'est là que j'obtiens mes soins, dans la communauté en majorité.
DEB MATTHEWS : Est-ce que je peux intervenir, Alika ?
Je voulais revenir sur quelque chose que Claire a dit.
Je suis d'accord que les soins primaires, c'est par là que tout commence, mais le gros défi pour ces médecins-là, c'est qu'il est très difficile d'avoir des références pour leurs patients.
Ils passent beaucoup trop de temps à essayer d'obtenir une référence et c'est une perte de temps pour ces médecins en soins primaires et autres fournisseurs de soins.
À mon avis, il faut qu'on passe à une seule liste d'attente.
Si vous avez besoin d'un placement, est-ce que l'on ne pourrait pas avoir seulement une liste ?
On pourrait ainsi alléger une bonne partie du fardeau et accélérer les temps d'attente de 20 % simplement de cette façon.
Alors, pourquoi on ne le fait pas ?
Je pense qu'il faudrait qu'on se donne comme objectif d'avoir une seule liste de référence par procédure et en quelques années seulement, je pense que ce serait possible et ça pourrait très bien fonctionner.
ALIKA LAFONTAINE : Je vais lire un commentaire de Johnny [INAUDIBLE] : « Claire décrit les soins axés sur les relations multidimensionnelles plutôt que bidimensionnelles.
Très bien, merci Claire. » On continue avec la prochaine question de Johnny aussi : « Les médecins doivent définir leurs rôles plus que jamais maintenant, c'est-à-dire qu'on doit laisser tomber certains de nos pouvoirs et devenir interdépendants.
On ne travaille plus seulement en soins primaires ou aigus.
Il y a d'autres questions qui suivent, mais comment aborderiez-vous cette redéfinition de rôle ? » On commence par vous, Rita.
RITA MCCRACKEN : Comment faire cela ?
Je pense que plusieurs d'entre nous veulent devenir des membres d'équipe si on ne l'est pas déjà.
La plupart, on fait des études en médecine dans cet esprit.
On ne veut pas vraiment être un héros seul.
On a un groupe de fournisseurs maintenant qui ont une façon de travailler et on a eu énormément de soins donnés partout au pays, par tout le monde, avec cette attitude, mais les temps changent et je pense qu'en offrant des lieux structurés avec de nouvelles façons de travailler pour les médecins professionnels, c'est possible.
Écoutez, si vous avez envie un jour de dire, par exemple : « Ah, c'est la faute des millénaires que l'on manque de médecin » ou « c'est la faute des femmes qu'il manque de médecin », arrêtez-vous s'il vous plaît, parce qu'il faut qu'on pense à la façon de recréer un nouvel environnement.
On a beaucoup à apprendre des femmes sur le terrain et des nouveaux diplômés qui vont se joindre à nous.
Ils ont une nouvelle façon de voir les choses.
Et d'après la recherche que j'ai faite plus récemment, on sait que ce n'est pas vrai, aucune de ces croyances que l'on avançait pour blâmer les autres générations n'est vraie.
Comme individu, nous devons ouvrir nos esprits et créer des lieux où de nouvelles façons d'être médecin seraient possibles.
ALIKA LAFONTAINE : Merci.
BRIAN GOLDMAN : Les médecins de soins primaires auxquels j'ai parlé en médecine familiale, la médecine de famille, les soins palliatifs, la médecine d'urgence, et dans ces domaines, c'est assez simple : les médecins de famille se redéfinissent en se concentrant sur certaines spécialités et surspécialités.
Certaines des caractéristiques sur les soins longitudinaux, c'est pour répondre aux besoins de patients toujours plus complexes, comme en gériatrie.
Il faut aussi avoir de la formation en navigation dans le système et avoir un système assez fiable dans lequel on peut naviguer.
Tout cela et aussi alléger la paperasserie.
Tout le monde est submergé de paperasserie.
Il faut qu'on ait un système beaucoup plus agile qui n'exige pas des médecins de famille de devenir des gens qui passent leur temps à remplir des formulaires.
Il faut reconsulter, faire une autre référence tous les six mois ou chaque année selon la spécialité quand il est évident que le patient sera géré par le médecin de famille, mais qu'il aura besoin de l'aide d'un spécialiste occasionnellement.
CLAIRE SNYMAN : Oui, je voulais ajouter un différent son de cloche.
Comme patiente, moi, ma perception de mon médecin de famille, on a parlé de soins d'équipe, mais parfois, je me sens un peu coincée.
Ma pharmacienne me connaît très bien, elle est extraordinaire et parfois, j'ai besoin d'aide avec mes médicaments.
Il y a un groupe de membres d'équipe que l'on n'inclut pas ou on ne sait pas à quel point ils sont vraiment importants, ce qu'ils pourraient apporter dans la prestation de soins et dans la gestion de mes soins de santé.
Tout le monde a sa sphère de compétences, oui, mais c'est important de comprendre les différents éléments du système de soins de santé et de ce que font les membres de l'équipe.
Si vous me demandez ce qui est important pour moi, il faut faire entendre la voix de ceux qui vivent au quotidien, les patients, les familles, à la table, faire entendre leurs voix à la table.
ALIKA LAFONTAINE : Je vais peut-être poser la prochaine question.
Je vais commencer avec Deb, de [INAUDIBLE] : « La voix des patients, des familles pourrait être plus productive si on s'efforçait d'améliorer la littératie en santé.
Est-ce qu'il y a moyen de penser à améliorer cela ? » On sait que ce ne sera pas facile de développer un vrai partenariat patient-médecin.
DEB MATTHEWS : Moi, je ne suis pas d'accord avec la prémisse de la question.
Les patients savent ce qu'ils veulent, ils ne savent pas exactement quelle procédure ou quel médicament il leur faut, mais ils savent quel genre de réactions ils veulent du système de soins de santé.
C'est pour ça que c'est important d'écouter les patients.
Je pense que c'est tout aussi important d'écouter les travailleurs de première ligne et là, je parle des travailleurs en soins personnels, ceux qui sont en contact avec les patients, plus que certains autres médecins.
À Hamilton par exemple, à St. Joseph's Health Care, on a complètement remodelé les soins post-chirurgicaux parce qu'on a écouté les travailleurs de soins à domicile qui s'occupaient des patients après leurs chirurgies et on a entendu des histoires de réussites incroyables.
ALIKA LAFONTAINE : C'est une excellente réponse.
Claire.
CLAIRE SNYMAN : Oui, c'est bien de faire entendre la voix de ceux qui reçoivent des soins, mais aussi de ceux qui donnent des soins aux patients.
Ce sont les deux côtés d'une même médaille.
Ceux qui me soutiennent, par exemple, les membres de la famille, mais aussi les fournisseurs de soins sont importants.
Qu'est-ce que je voulais dire ?
Voilà, oui, littératie en santé.
Je pense que ça devrait être enseigné très tôt dans la vie, parce que quand on est dans le système de soins de santé, on ne sait même pas si on a le droit de poser des questions.
Est-ce que ce ne serait pas bien si j'étais plus au courant de la situation ?
Je pense que la relation serait différente, ce serait vraiment à deux sens entre la personne qui reçoit des soins et celle qui donne des soins.
Bien souvent, on ne sait même pas que l'on peut poser des questions et je pense que c'est ça, la littératie en santé.
Il faut comprendre quelle est votre situation, quel est votre état de santé.
J'aimerais beaucoup ça. J'en parle à mon fils assez souvent, c'est très important pour moi aussi comme mère.
ALIKA LAFONTAINE : Je vais poser la prochaine question à Brian.
Anna Tud demande : « Pourrait-on avoir une séance pour voir quelles sont les histoires de réussite dans d'autres pays ?
Quels autres pays offrent des soins qui pourraient nous inspirer ? » BRIAN GOLDMAN : Il y a plusieurs pays de l'OCDE qui ont un plus grand nombre de médecins de famille comparativement au Canada, les pays scandinaves par exemple.
Je serais intéressé à me pencher sur le modèle néerlandais, parce qu'ils ont un système, un modèle, un peu particulier, qui offre des soins à domicile et ce n'est pas dispensé par les agences privées, c'est offert par un groupe de 12 infirmières.
On leur donne un budget et ils décident quels soins dispenser à domicile.
Je pense que l'on pourrait peut-être adapter ce modèle au Canada.
Il y a des gens qui ne prônent pas ce modèle, mais les analystes pensaient que ce serait intéressant de le mettre en vigueur au Canada, mais on a dû suspendre le déploiement à cause de la COVID.
ALIKA LAFONTAINE : Deb, à vous.
DEB MATTHEWS : C'est très important.
Les Canadiens pensent qu'on a le meilleur système de santé de tous les pays du monde.
Nous sommes finalement très chauvins. Mais la fondation du Commonwealth fait beaucoup de recherche.
Des 11 pays de l'OCDE, nous sommes au dixième rang.
On se compare toujours aux États-Unis et on ne devrait pas nous comparer aux États-Unis, on devrait se comparer aux autres pays qui ont de meilleurs systèmes, des systèmes beaucoup plus performants et qui coûtent beaucoup moins cher.
Les systèmes où on met l'accent sur les déterminants sociaux de la santé, cela améliore et bonifie le système de santé.
Les professionnels de la santé sont fantastiques, mais ce n'est pas eux à blâmer finalement, c'est le système qui est lacunaire.
ALIKA LAFONTAINE : Merci beaucoup.
Nous avons reçu plus de 100 questions, donc le public est décidément mobilisé.
On va continuer avec les questions.
Rita, vous voulez intervenir ?
RITA MCCRACKEN : Oui, je voulais juste finalement répondre à la question.
C'est la question qu'on me pose souvent.
Quel est le modèle pour notre système ?
Il n'y a pas un seul modèle qu'on peut transférer au Canada, vous le savez, mais comme Deb et Brian l'ont dit, il y a des éléments intéressants que l'on pourrait intégrer dans notre système, surtout des modèles finalement qui existent dans les pays de l'OCDE, des modèles qui mettent l'accent sur les cliniques, des cliniques communautaires qui desservent leur population, un peu comme le système d'école publique.
C'est très différent de ce que l'on a au Canada et ça mérite finalement une discussion.
Depuis des années, on dit que ce n'est pas possible et je pense qu'il faut qu'on se pose la question à savoir pourquoi et comment changer le système, finalement.
ALIKA LAFONTAINE : On va passer à la prochaine question de Rob Robson.
On va commencer avec Claire pour cette question-ci.
« Actuellement, chaque province canadienne dispose d'une loi qui limite la possibilité des patients d'apprendre des détails sur les soins qu'on leur dispense.
Sans un accès facile à ces informations, comment est-il possible pour les patients de vraiment s'intégrer dans les équipes de soins médicaux ? » Ensuite, il y a une question sur les lois qui doivent être modifiées.
Claire, qu'est-ce que vous en pensez ?
Êtes-vous d'accord ?
Quelle est votre expérience personnelle ?
Quelle est l'expérience des gens avec lesquels vous travaillez ?
CLAIRE SNYMAN : C'est très difficile d'avoir accès aux dossiers médicaux.
Moi, j'ai un classeur qui est très épais qui contient des copies de tout mon dossier médical.
Des fois, je vais à un rendez-vous et le médecin va me dire : « Je n'ai pas reçu telle ou telle information. » Ce n'est pas facile d'obtenir ces informations. Quand on demande de l'information, il y a des obstacles, même si en Colombie-Britannique, on a le droit, finalement, de demander de l'information.
Des fois, il faut payer, des fois, ils sont réticents à vous fournir des informations.
Si je demande une copie de l'image de mon IRM, ça vient sur un CD et c'est problématique.
Si on veut vraiment intégrer les patients dans le système, il faut qu'on ait une véritable relation qui va améliorer le continuum de soins.
Comment je peux avoir accès aux informations quand je veux, pas seulement les résultats de mes analyses ?
Je peux demander une copie de mon statut vaccinal.
Je dois pouvoir voir ce qui se passe.
J'ai une blessure cérébrale, donc je ne peux pas toujours me souvenir.
Ce serait bien si je pouvais accéder aux informations et ça aiderait mon équipe de médecins également.
Il faut qu'on modifie la loi.
Souvent, on parle de la confidentialité, mais nous devons finalement poser la question suivante : qu'est-ce qui est important pour les patients et pour les fournisseurs de soins également ?
ALIKA LAFONTAINE : Vous avez raison, Claire.
Une autre question maintenant, une question de Robert Lester.
Je vais lire la question maintenant.
Je vais vous permettre d'y réfléchir.
Il nous reste 12 minutes avant qu'on termine.
« La conversation a été formidable, beaucoup de bonnes idées. Mais on parle de ces idées depuis des décennies avec des termes différents.
Qu'est-ce qui nous empêche, finalement, de passer à l'acte ? » Pensez ou réfléchissez à cette question.
On va passer à la question de [INAUDIBLE] maintenant et c'est une question pour Rita.
« La vision est très solide. Comment est-ce qu'on peut faire en sorte, finalement, que l'on respecte cette vision ?
Ça semble être la situation idéale, mais on n'est pas tous convaincus. » Qu'est-ce que vous en pensez, Rita ?
RITA MCCRACKEN : Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce qui est idéal, à l'utopie.
Le concept d'un endroit physique où un patient peut se rendre pour obtenir les bons soins, c'est une attente raisonnable, surtout pour des soins primaires.
C'est vrai dans tous les hôpitaux. On peut se présenter à l'hôpital et vous allez être soigné rapidement, normalement.
On a vu des problèmes, des retards à cause de la COVID et de la crise de maladies respiratoires récente, mais la conversation doit se concentrer sur l'objectif principal du système de soins de santé.
Quel est l'objectif principal ?
Donner l'accès aux bons soins au bon moment.
Il faut que l'on concentre nos conversations là-dessus et sur les solutions.
ALIKA LAFONTAINE : On a le temps pour une dernière question avant notre dernière question que je viens de vous lire.
Je vais poser la question suivante.
Je voudrais vous demander de tous intervenir.
Ça vient de [INAUDIBLE] : « Les vulnérables qui ont vraiment besoin de soins sont finalement ceux qui ne peuvent pas naviguer dans le système à cause de la pauvreté, etc.
Comment peut-on modifier cette situation ?
On va commencer avec Brian.
BRIAN GOLDMAN : Alika, quand je suis allé au Japon, au Japon, on dispense de bons soins pour les 5 % de la population qui sont les plus vulnérables et qui ont les plus grands besoins.
Une province ou un pays peut tout simplement décider que c'est là où on va diriger nos ressources.
Ce serait à la classe moyenne de payer une part plus importante des coûts pour, finalement, bien financer le système de santé.
Ce n'est pas difficile à faire.
Beaucoup de ces solutions existent depuis très longtemps, n'est-ce pas ?
On peut investir davantage dans les gens qui ont besoin de soins complexes, on peut leur offrir un endroit où on peut dispenser ces soins.
Il faut tout simplement y réfléchir et ça peut se faire si on a les ressources financières nécessaires.
ALIKA LAFONTAINE : Toute société devrait vouloir le faire.
DEB MATTHEWS : Je suis tout à fait d'accord avec Brian, on sait ce qu'il faut faire ; il faut tout simplement le faire et en faire plus.
Il y a du bon travail qui se fait déjà.
Il y a beaucoup d'initiatives qui sont en cours.
Il y a le Centre Oaks à Ottawa, par exemple, qui est un endroit formidable pour les hommes qui sont alcooliques.
C'est un projet incroyable, c'est fantastique.
Il y a de bons modèles déjà, mais on n'en fait pas assez.
Il faut les répéter ailleurs.
Il faut faire plus de travail sur le terrain, selon moi.
C'est vraiment la façon la plus intelligente de dispenser les soins.
Plus on dispense de bons soins aux gens vulnérables, moins ça va nous coûter cher.
Sur le plan moral, c'est une situation gagnant-gagnant.
Donc, il faut vraiment investir dans les gens qui ont les plus grands besoins, selon moi.
ALIKA LAFONTAINE : Claire, à vous.
CLAIRE SNYMAN : C'est une question fort importante.
La COVID, finalement, nous a montré qu'il y a beaucoup de gens en marge.
Comment va-t-on leur dispenser des soins ?
Il faut comprendre ce qui est important pour ces gens-là et pour ces collectivités.
Peut-être qu'il faudrait travailler avec eux directement, mais des fois, ça ne sera pas possible de façon sécuritaire.
Est-ce qu'on peut rejoindre les organismes qui travaillent avec ces personnes pour comprendre ce qui est important pour ces patients-là ?
Ce qui est également très important, c'est de savoir comment, finalement, combler les besoins non médicaux d'une personne.
Il y a d'autres facteurs qui ont une incidence sur moi.
On a beaucoup travaillé sur la prescription sociale et il faudrait finalement nous pencher là-dessus.
J'aimerais qu'on étoffe cela et il faudrait qu'on travaille directement avec ces gens-là par l'entremise des organismes pour savoir ce qui est important pour les personnes vulnérables.
RITA MCCRACKEN : Merci, Claire, de ce complément d'information.
Il faut reconnaître que la pauvreté, le racisme et le colonialisme sont réels et ont créé de grands écarts pour ce qui est de l'accès aux services que beaucoup de Canadiens prennent pour acquis.
Nous devons enlever les obstacles.
Il faudrait offrir les bons soins au bon moment et ça, ce serait un grand changement.
Autrefois, on avait des écoles spéciales pour les enfants aveugles, pour les enfants handicapés. Maintenant, on les intègre dans les autres écoles et on n'accepterait pas, finalement, de les isoler dans une école spéciale, mais c'est ce qu'on a fait dans le système de soins.
On a créé des endroits particuliers pour ces gens-là et il faut vraiment concevoir un système qui va prendre soin de tout le monde.
BRIAN GOLDMAN : Si vous cherchez une solution, je regarderais le modèle de ce qui se fait dans le comté de Renfrew.
Il y a eu des problèmes au début de la pandémie parce qu'il n'y a pas beaucoup de population dans la vallée de l'Outaouais, le parc Algonquin, East River, Chalk River, et pas assez de fournisseurs de soins primaires dans un secteur de l'est de l'Ontario.
Je pense qu'il y a une personne sur cinq qui n'a pas accès aux soins primaires.
Le besoin d'un système a été identifié et on a voulu essayer d'éviter le transfert des patients aux services d'urgences, parce qu'il n'y avait pas de clinique ambulatoire, il n'y avait pas de transport en commun.
Alors, ils ont abouti avec un service téléphonique gratuit où on aboutit à une personne qui fait du triage, qui vous guide vers un médecin de famille ou un autre médecin qui vous parle au téléphone virtuellement. Si vous pouvez aller au bureau, vous le faites, sinon on envoie un employé paramédical ou quelqu'un et ça fonctionne.
Donc, tous ces professionnels de la santé travaillent ensemble en équipe.
Ils communiquent les uns avec les autres et répondent à des besoins.
On pourrait facilement adapter ce genre de modèle à des patients vulnérables.
Il faudrait peut-être rajouter une couche pour qu'on puisse joindre les patients qui n'ont peut-être pas de cellulaire ou n'ont peut-être pas d'adresse.
Il faudrait trouver le moyen de les joindre, mais la santé publique le fait depuis des décennies.
ALIKA LAFONTAINE : Pour la dernière question, on va faire le tour des panélistes. On va commencer avec Claire, on passera à Deb, Rita et Brian.
« Comment passer maintenant à une mise en œuvre efficace, passer à l'action ? » Essayez d'abréger vos réponses peut-être en nous donnant une priorité.
Allez-y Claire.
CLAIRE SNYMAN : Ça, c'est très important, je pense.
Et j'aime beaucoup le sujet de passer maintenant à la prise de décision.
Il est très important qu'on parle de passer à l'action.
Je voudrais bien qu'on trouve une solution.
Si j'avais une liste de souhaits, je voudrais qu'un groupe de fournisseurs de soins de santé, de patients, de soignants soit ensemble à une table avec des ministres fédéraux et provinciaux pour discuter et c'est ce qui manque, je pense.
Il faut amorcer ces discussions avec urgence et faire entendre les voix de ceux qui reçoivent les soins et ceux qui en donnent à la même table, parce que je pense que si on ne connaît pas leurs communions, surtout de mon côté, ceux qui reçoivent des soins, dans un groupe collaboratif, c'est ce qui nous permettra d'apporter des changements. Sinon, on se retrouvera encore à avoir la même discussion dans un an.
DEB MATTHEWS : Maintenant, c'est mon tour, oui ?
Ça, c'est très important.
Claire a rassemblé tout le monde, mais il faut aussi se demander de quoi le système devrait avoir l'air dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans et travailler à rebours pour suivre cette voix, développer ce plan de marche.
Je commencerais avec trois parties.
D'abord, les soins primaires, comment avoir un modèle de travail d'équipe.
Et je pense qu'en cinq ans, tous les soins primaires devraient se faire en équipe.
La deuxième chose sur laquelle je me concentrerais, c'est les soins aux personnes âgées.
Je pense qu'on fait du très piètre travail pour les soins prodigués aux aînés.
Si je devais décider de ce qu'on doit faire, j'aurais beaucoup plus de soins à domicile, de soins communautaires, des résidences pour personnes âgées beaucoup plus petites plutôt que les grandes résidences de soins de longue durée.
Il faut des stratégies de soins à long terme.
Il faut que ce soit mis de l'avant maintenant. Et le troisième domaine où je me concentrerais, c'est l'itinérance.
On peut y mettre un terme, on peut le faire.
Il faut que l'on mette de l'avant les étapes qu'il faut pour l'éradiquer.
C'est possible, on peut y arriver en cinq ans.
ALIKA LAFONTAINE : Rita.
RITA MCCRACKEN : On a de beaux exemples de ce que l'on devrait faire.
On devrait coordonner, obtenir des fonds des provinces et du fédéral pour établir des centres de santé partout au Canada.
Il faudrait avoir un système qui est facile à organiser.
On peut avoir de l'expertise sur la constitution d'équipe, le leadership de différentes sources et on peut lentement développer cette infrastructure. Mais il nous faut absolument un financement garanti pour que cela puisse se faire et ce, d'une façon qui cible les communautés qui sont le plus dans le besoin.
ALIKA LAFONTAINE : Et Brian ?
BRIAN GOLDMAN : Je suis d'accord avec tout ce que j'ai entendu.
J'ajouterais que si l'on veut pouvoir avoir un système de soins de santé qui répondra aux besoins des Canadiens, pas seulement dans un an, cinq ans, 20 ans, 30 ans, il faut alléger le rôle des politiciens et créer une structure qui durera au-delà des cycles électoraux.
Il y a d'autres pays qui l'ont fait.
On a une liste de médicaments qui sont payés par le gouvernement, c'est bien, mais on pourrait adapter le système et s'inspirer des meilleures pratiques des autres pays et les mettre en œuvre ici. Mais on ne pourra pas y arriver si on peut centraliser les soins de santé avec un gouvernement et le régionaliser avec un autre gouvernement, puis rechanger les choses après l'élection.
Non, ça ne fonctionne pas.
ALIKA LAFONTAINE : Il y avait 130 questions et commentaires qui ont été soumis.
Voilà qui témoigne du bien-fondé de cette discussion, de la réflexion que cela a suscitée.
Il y aura un suivi d'assuré à cette discussion.
Je veux assurer aux participants que nous prendrons connaissance de chacun des commentaires et des questions reçus parce qu'ils vont éclairer également les politiques de l'Association médicale canadienne.
Au nom de notre association, merci à tous nos quatre panélistes.
C'était vraiment bien de parler avec Claire Snyman, Docteur Brian Goldman, Deb Matthews et Rita McCracken.
J'ai beaucoup appris et cela a renforcé les conversations que j'ai eues jusqu'à maintenant depuis que je suis devenu président de l'AMC.
Il faut nous assurer d'avancer et de ne pas toujours reprendre les mêmes conversations.
Merci beaucoup de votre apport aujourd'hui.
Merci d'avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd'hui.
Nous en sommes à planifier la dernière session de Choix audacieux pour le 22 février.
Nous vous communiquerons les détails au cours de la nouvelle année pour vous inscrire.
On vous enverra également un sondage post-événement et vous pourrez nous donner des renseignements supplémentaires.
J'ai hâte de poursuivre la conversation.
Personnellement, je pense fermement qu'on aura des réponses différentes à nos questions.
Merci.
On dit des choses à haute voix qu'on ne disait pas avant et je pense que c'est un signe vraiment positif.
Très bonne soirée à tous, merci.
La troisième séance du Sommet sur la santé | Hors-série : choix audacieux pour les soins de santé portait sur les choses à faire pour attirer, former et maintenir en poste un plus grand nombre de médecins, d’infirmières et infirmiers et d’autres travailleuses et travailleurs de la santé, alors que le secteur est en crise. Regardez la vidéo de la séance ci-dessous, ou lisez les principaux points à retenir de la discussion tenue entre le Dr Alika Lafontaine, président de l’AMC, la Dre Marcia Anderson, défenseure de la santé des Autochtones, Sara Fung, infirmière autorisée et animatrice d’un balado, la Dre Sarah Hanafi, médecin résidente, et le Dr Kevin Smith, président et chef de la direction du Réseau universitaire de santé.
Vous pouvez aussi en apprendre plus sur le travail de l’AMC concernant la planification des effectifs de la santé.
Tawnshi, malo e lelei.
DR ALIKA LAFONTAINE : Bonjour et bienvenue à la séance.
Je suis heureux de vous rejoindre à partir du traité huit, le foyer traditionnel de la région six de l'Alberta, Duncan Nation et la Nation Cris.
Évidemment, nous sommes ici, à partir de différents endroits à travers le pays et je tiens à reconnaitre toutes les terres de traités sur lesquelles vous vous trouvez.
J'espère que vous allez voir que nous vivons tous sur des terres ancestrales autochtones, et que nous sommes là.
Je voudrais vous remercier d'être ici ce soir pour notre séance « Les choix audacieux ».
Ce soir, nous allons nous tourner vers les travailleurs de la santé.
C'est un secret qui n'est pas très secret, nous faisons face à une pénurie de personnel.
Nous avons de plus en plus de postes libres et cela laisse bien des patients incapables d'avoir les soins dont ils ont besoin.
Mais en même temps, nos fournisseurs de soins sont démoralisés et fatigués comme jamais auparavant.
Beaucoup travaillent dans des conditions très difficiles pendant trop longtemps.
J'ai participé à une séance avec des apprenants médicaux récemment et je suis quand même, malgré tout, très optimiste.
Les gens sont passionnés par leur métier, mais en même temps, la passion ne peut nous mener qu'à un certain point et nous devons soutenir notre personnel.
Alors, comment aller de l'avant? Comment est-ce quel l'on peut attirer, former et retenir plus de médecins, infirmières et d'autres travailleurs de la santé dans cette crise? Et comment est-ce que l'on peut créer un système qui met en priorité les patients qui sont là : ceux qui reçoivent les soins et ceux qui les livrent?
C'est ce que nous allons explorer ce soir.
Si vous voulez suivre notre conversation sur Twitter ce soir, nous allons utiliser le mot-clic #CMABoldChoices pour partager les points saillants.
Nous allons commencer avec une séance de questions et de réponses qui durera 40 minutes, suivie d'une autre séance de questions et réponses avec vous le public, enfin, nos spectateurs.
Après ça, nous allons pouvoir voter sur des questions qui nous seront posées et vous allez pouvoir mettre votre question et nous allons répondre aux questions qui seront les plus populaires.
Alors, nous demandons à tout le monde d'être respectueux, professionnels et de collaborer dans la discussion.
Toutes les questions qui sont discriminatoires, diffamatoires, abusives ou qui violent la vie privée ou la confidentialité ne seront pas adressées.
Maintenant, je vais vous présenter nos panélistes.
La docteure Marcia Anderson est une interniste et travaille aussi en santé publique.
Elle travaille dans la région du Manitoba pour les services de santé autochtones.
Elle est la vice-doyenne de la santé autochtone, de justice sociale et d'antiracisme de l'Université du Manitoba.
Elle est aussi la présidente du réseau de la santé autochtone pour les facultés de médecine du Canada et elle fait partie du Consortium national de l'éducation médicale autochtone.
Sara Fung est une infirmière inscrite qui a passé huit ans de sa vie dans les soins de santé aux enfants et en maternité à l'hôpital Mount Sinai à Toronto.
Elle travaille maintenant comme spécialiste pour l'antiracisme, pour améliorer les conditions de travail pour les infirmières.
Nous avons travaillé avec elle par le passé.
Elle est un podcast qui s'appelle The Gritty Nurse.
La docteure Sarah Hanafi est résidente, elle est médecin en 5ᵉ année en psychiatrie à l'Université McGill.
Elle continue à faire partie du comité de politique publique pour l'Association des psychiatres du Canada.
Elle espère contribuer à des communautés plus inclusives.
Le docteur Smith est responsable du centre de science et de santé qui s'appelle University Health Network, qui est parmi les plus gros du Canada.
Pendant sa carrière, il a été responsable d'un investissement de 7 milliards de dollars dans l'infrastructure dans la recherche.
Il a été un leader dans la création des modèles de soins avancés.
Merci à tout le monde et merci de vous être joints à nous.
Pour créer un meilleur système de santé, il faut savoir ce que l'on veut essayer d'obtenir par celui-ci.
Les patients veulent avoir accès à des soins de santé de façon optimale.
Les fournisseurs veulent travailler dans un bon système aussi.
Les gouvernements veulent de bons résultats tout en gérant les frais.
Comment peut-on prioriser de bâtir un tel système et quel type de système peut livrer cela?
Est-ce que ces priorités sont les bonnes priorités?
Comment peut-on les comparer les unes aux autres?
Quelle est la différence entre ce système-ci et ce que nous avons en ce moment?
DRE SARAH HANAFI : D'abord, je tiens à remercier l'AMC d'avoir organisé cet événement et merci à tout le monde de s'être joints à nous ce soir.
Je vais vous situer où je suis ici.
J'ai fait ma médecine en Alberta et j'ai fait ma résidence au Québec. Ce sont donc deux expériences différentes.
J'ai aussi travaillé dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.
À Montréal, j'ai eu l'expérience aussi d'attendre des années pour voir un omnipraticien.
Ce sont des expériences qui m'ont permis de comparer des systèmes de santé assez différents d'une province à l'autre ; cela informe mes choix et mes critères.
Pour les priorités, on peut se demander de quoi ont besoin les patients et comment on peut fournir ces choses-là.
Pour les patients, il s'agit de s'occuper des patients, de leur personne entière, de respecter leur dignité et de prioriser l'équité pour tout le monde.
C'est quelque chose qui doit être primordial.
Notre système est seulement bon si nous arrivons à nous occuper des populations les plus vulnérables, par exemple, ceux qui sont Autochtones ou sans-abris.
L'excellence de nos services peut être mesurée par la façon dont nous leur donnons des soins.
Nous devons aussi respecter l'humanité des fournisseurs de soins et ils doivent pouvoir être qui ils sont entièrement pour pouvoir se sentir psychologiquement et physiquement en sécurité et pouvoir préserver leur fibre morale.
On parle beaucoup de blessures morales en ce moment.
C'est quelque chose qui affecte beaucoup nos fournisseurs de soins.
Quand on est dans une situation de stress et qu'on ne peut rien y faire et qu'on est dans une situation où on est en contradiction avec nos valeurs et nos croyances, cela affecte la santé mentale et ça peut contribuer à un sentiment où les fournisseurs se sentent trahis par les autorités.
J'ai beaucoup appris, parce que je fais mes examens en ce moment.
Beaucoup de gens n'ont pas accès à la psychothérapie ou à des médicaments et ils passent une semaine dans un couloir, par exemple pour attendre un lit d'hôpital.
C'est très difficile de réconcilier nos connaissances et nos sentiments de se sentir impuissants face à la situation au nom du système que nous représentons.
J'espère que le gouvernement va essayer de créer une priorité quant à l'engagement auprès des parties prenantes et j'espère qu'ils vont les inclure dans les prises de décision.
C'est un peu comme ça que j'envisage les priorités en ce moment.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci.
Nous allons maintenant passer à Sara.
SARA FUNG : Nous parlons de différentes priorités.
Elles ne doivent pas nécessairement être mutuellement exclusives.
Ça ne veut pas dire que les soins de santé doivent nécessairement coûter plus cher s'ils sont bons.
Non, il s'agit de les donner aux bons moments, là et quand les gens s'attendent à les avoir.
C'est souvent ce que les gens ne voient pas.
Alors, on doit donner des soins de santé, mais aussi d'une façon qui réponde aux besoins des gens et des fournisseurs.
Alors, par exemple, pour les soins infirmiers, si les infirmières sentent qu'elles ont trop de responsabilités, elles ont une personne pour 30 patients, on ne peut pas donner des soins de qualité dans des conditions pareilles.
Donc, ça a un effet sur le patient.
Et quant au coût, le gouvernement ne cesse d'en parler.
Les coûts, ça ne veut pas dire que si l'on met plus d'argent, ça va régler les situations.
Des soins de qualités ne veulent pas dire nécessairement des soins plus chers, mais c'est ce qu'on nous fait croire constamment.
Alors, qu'est-ce qui est plus important?
Je crois que tout est important, mais je pense qu'on devrait aussi mettre l'accent sur la privatisation des soins de santé.
Je suis inquiète.
Je trouve que c'est très bien que nous avons des soins de santé gratuits et les autres se tournent vers nous, vers notre exemple, parce qu'ils aimeraient bien avoir ce que nous avons.
Je trouve que nous sommes sur une pente glissante en ce moment quand il s'agit de parler de la privatisation de certains soins de santé.
Je crois que c'est quelque chose qui va nuire à ceux qui sont les plus vulnérables dans notre société : les nouveaux immigrants, les personnes de couleurs, qui ne peuvent pas avoir accès aux soins dont ils ont besoin et les individus qui auront le plus besoin de soins.
Ça m'inquiète.
Aussi, je crois que d'avoir un système plus intégré est utile parce que les petits groupes vulnérables que je viens de mentionner sont ceux qui peuvent être délaissés.
Je crois que si on veut avoir des soins de santé de haute qualité, il ne faut pas négliger ces pistes-là.
DRE MARCIA ANDERSON : Merci.
Merci de m'avoir invitée.
Je veux juste ajouter aux commentaires que mes collègues qui s'appellent toutes les deux Sarah ont déjà faits.
Moi aussi, je n'aurais pas considéré que ces priorités sont en concurrence les unes contre les autres.
Je crois qu'on doit faire beaucoup de travail en même temps, mais ce ne doit pas nécessairement être tout fait par les mêmes personnes, parce qu'on n'est pas en concurrence les uns contre les autres.
Beaucoup de gens veulent faire partie de la solution et reconnaissent que notre statu quo est intolérable et ne sert personne.
Donc, nous devons profiter de cette occasion d'avoir de nouveaux leaders, prendre le devant et aider à créer de nouveaux systèmes qui satisfont à la fois leurs besoins et ceux de la main-d'œuvre émergente.
Ce sont des priorités importantes, évidemment.
Moi, ça fait 15 ans que je travaille et 15 ans, ça passe très vite.
Je dirais qu'il n'y a jamais eu un moment dans ma formation où j'aurais anticipé que les soins de santé se trouvent dans l'état où ils le sont présentement.
Une pandémie, on peut plus ou moins l'anticiper.
Le SRAS s'était passé quand j'étais résidente et après ça, on a eu le H1N1 et puis l'été, il y a eu la COVID-19 qui a dépassé l'échelle de ces deux autres.
Donc, c'était assez prévisible.
On avait eu ces problèmes-là. Mais la situation avec les travailleurs de la santé n'était pas une situation que j'avais envisagée ou anticipée.
Je veux juste mentionner une chose pendant qu'on y est, parce que pour moi, c'est la plus grande priorité et elle est sous-jacente : c'est qu'il faut rétablir la confiance, parce que la confiance a été brisée par toutes les parties dans ce système.
Sarah a mentionné les blessures morales ou psychologiques.
J'en avais entendu parler dans le contexte de ce que l'on appelle la trahison de la part des institutions.
C'est peut-être plus commun dans le cadre de mon travail, mais j'ai l'impression des fois qu'on se bat contre le gouvernement plutôt que de travailler avec lui.
Je ne dis pas que c'est la vérité absolue, vous allez peut-être voir les choses différemment, mais je sais que je suis loin d'être la seule qui pense cela.
Souvent, c'est transmis aux personnes qui travaillent dans les hôpitaux et parmi les leaders médicaux et ça peut se traduire par un manque de confiance entre les travailleurs de la santé et l'administration ou la haute gestion.
Pour nos patients qui ont accès à ce système, les fournisseurs sont souvent ceux qui reçoivent le manque de confiance.
On a souvent parlé du racisme systémique, de la transphobie et tout ça, mais nous aussi, nous avons continué à perpétuer ces mythes.
Mais nous sommes maintenant ceux qui reçoivent ce manque de confiance de la part des Canadiens.
Quand on pense aux priorités et les trois qui ont été mentionnées au tout début, nous devons d'abord essayer de rétablir cette confiance, de savoir que nous sommes dans la même orientation que nous avons des objectifs partagés comme quoi un système universel publiquement financé essaie de donner des soins de santé de haute qualité en matière de diversité, équité et égalité pour tous.
DR KEVIN SMITH : Merci. Mes collègues viennent de dire peut-être tout ce que j'avais l'intention de dire.
Alors, je vais peut-être changer de thème pour celui de la civilité pour toutes les parties concernées.
Je n'ai pas encore rencontré un politicien ou un créateur de politiques qui se lève tous les jours pour ne pas essayer d'améliorer les soins de santé.
On le fait aussi.
On sait que le monde est difficile et que nous faisons face à de plus en plus de demandes.
Nous avons de moins en moins de main-d'œuvre, de ressources, de fournitures et ce que l'on peut payer à partir du Trésor public.
Mes collègues ont aussi parlé de la santé de la population, de la santé de ceux qui méritent le plus d'équité.
Nous avons maintenant d'autres facteurs qui produisent des problèmes de santé, par exemple le manque de transport, de logement ou l'insécurité alimentaire.
Je crois qu'à un moment où on était plus civil, on était capable de débattre d'idées et d'être respectueux les uns envers les autres et cela me semble de plus en plus illusoire.
Le respect, la dignité, la civilité et la politesse sont importants pour travailler avec toutes les parties concernées, y compris les patients et ceux qui les défendent.
J'ai l'impression que si ce n'est pas le cas, ça va devenir moins intéressant pour les jeunes de participer à ces carrières.
DR ALIKA LAFONTAINE : Bien, nous avons beaucoup à déballer ici, beaucoup de bonnes idées.
Écoutez, je crois que nous avons les systèmes que nous concevons et si on met plus de ressources dans une zone en particulier, nous allons avoir de meilleurs résultats.
On ne peut pas continuer à simplement donner de l'argent sans rien d'autre.
Comme Marcia a dit, le système ne fonctionne pour personne, pas vraiment.
Par le passé, nous avons mis l'accent sur certaines choses.
Est-ce que nous avons continué à le faire?
Nous savons que toutes les choses qui ont été mentionnées sont des priorités importantes. J'ai écouté le podcast de Sara, The Gritty Nurse, à plusieurs reprises et on sait que la situation a été très difficile pour les infirmières.
Sara, est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de la situation?
SARA FUNG : C'est très difficile pour les infirmières en ce moment.
Le public ne se rend pas nécessairement compte de nos luttes et pendant la pandémie, d'abord, on ne pouvait pas avoir accès à des EPI et on avait un plafond à nos salaires.
On a besoin d'avoir le respect que l'on mérite.
On a peut-être été appelé des héros et des héroïnes et pourtant, nous n'avons pas vu d'amélioration sensible à nos conditions de travail.
La situation est plus difficile pour ceux qui décident de rester dans la profession et c'est vraiment un gros problème.
Le système des soins de santé se base autour des hôpitaux et je crois qu'on devrait revenir à la base et mettre plus d'énergie, de soins et d'argent dans les soins primaires.
Souvent, les gens n'ont pas de médecin de famille et donc, c'est très difficile pour eux d'obtenir les soins dont ils ont besoin et d'avoir accès aux ressources nécessaires pour obtenir ce dont ils ont besoin pour avoir une meilleure santé.
C'est là où se retrouvent les infirmières et il y a beaucoup de violence envers les infirmières.
Elles ont été assujetties à toute sorte d'abus physiques et verbaux et nous n'avons aucun soutien quand il s'agit de cela et je sais que c'est le cas pour d'autres professionnels de la santé aussi.
Donc, la situation a été très difficile et malheureusement, je ne sais pas si dans la situation nous avons déjà atteint le fond.
Je crois qu'on n'a pas encore atteint le fond justement.
DR ALIKA LAFONTAINE : Oui, Marcia, vous êtes dans une école de médecine.
Vous essayez de régler certains de ces problèmes.
Qu'en pensez-vous?
DRE MARCIA ANDERSON : J'aimerais justement parler de ce qui vient d'être dit, parce qu'on est en train de former les fournisseurs de santé dans l'environnement actuel pour l'avenir.
Donc, quand je songe à notre programme d'études et je suis sûre que c'est le cas pour d'autres fournisseurs de santé, on ne pense pas simplement à ce que l'on apprend et ce qu'on enseigne dans l'environnement de la classe, mais on pense aussi à toute l'orientation d'un apprenant et presque tout l'apprentissage se fait en fait véritablement dans une situation clinique.
Justement, la plupart des étudiants passent beaucoup de temps dans des centres urbains, dans des centres de soins aigus et nous n'avons pas beaucoup de modèles différents d'éducation.
Donc, ils ne passent pas beaucoup de temps dans les villages, par exemple.
Est-ce que les étudiants en médecine actuels vont devoir désapprendre ce qu'on leur a appris à l'école pour l'avenir?
Ça va être plus facile pour un jeune étudiant de désapprendre certaines habitudes que pour quelqu'un qui exerce déjà depuis quelques décennies.
Moi, j'aime beaucoup les données, je l'admets.
Un des exemples qui me vient à l'esprit, c'est où on met l'accent.
On met beaucoup l'accent sur le flux de patient et d'essayer de faire passer les patients dans les différentes parties de l'hôpital.
On ne veut pas qu'ils passent beaucoup de temps, par exemple, dans les couloirs.
Combien de temps est-ce que les patients autochtones ont attendu dans un couloir par rapport aux non-autochtones par exemple?
Qui a attendu le plus longtemps pour leurs ordonnances et tout ça, avec des facteurs sociodémographiques.
Il y aussi, l'environnement d'apprentissage.
Si on ne met pas l'accent là-dessus, on est quand même en train d'enseigner aux étudiants ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
Les soins de santé, c'est beaucoup plus que de passer d'un endroit à l'autre, c'est plus complet.
J'aimerais aussi avoir un environnement de données qui s'alignent avec ce que l'on considère être des mesures de qualité.
Est-ce qu'on a une approche basée sur une équipe pour des soins de santé de qualité?
Je crois qu'on doit aussi mettre plus l'accent sur les soins généraux et les soins à l'extérieur de l'hôpital et nous assurer que ces environnements-là soient aussi des environnements où on donne des soins de qualité.
DR KEVIN SMITH : Je vais faire une petite modification à ce que vous avez dit.
Je crois que, par rapport au commentaire de Marcia, si nous allons changer les incitatifs, il faut avoir la capacité de changer les résultats espérés.
Je suis d'accord avec vous que les données sont très importantes, surtout pour ceux qui ont été mal desservis d'un point de vue historique.
Pendant les 10 premières années de ma carrière, j'ai été éducateur à McMaster, une période très agréable, et j'ai appris à mes dépens qu'on peut donner des très bons...
Souvent, les études de premier cycle sont défaites dans les études de deuxième cycle.
Je crois que les études de premier cycle de médecine font un bon travail et après ça, les gens se retrouvent dans un environnement clinique et là, les règlements, les règles et tout le reste, sont soient récompensés ou pas, soit par leur comportement, soit économiquement.
Alors, je suis totalement d'accord.
Si on veut changer la façon dont on se comporte et on veut changer l'expérience et les résultats de nos patients, il faut avoir un environnement de bonne qualité.
Il va falloir penser à quel type de système on a créé avec ces récompenses, par exemple les opportunités de leadership, de permanence, et de revoir de quoi on a l'air.
Avons-nous l'air des communautés que nous desservons?
Sommes-nous évalués par la communauté que l'on dessert?
Il y a des choses que l'on ne veut pas attaquer.
Nous avons peur de dire aux patients à quoi s'attendre, mais c'est le patient qui est la meilleure personne pour juger.
De se montrer faillible est très important.
Comme Sara a dit, dans le domaine des soins infirmiers, nous n'avons pas donné aux infirmières leur autonomie, leur voix et exprimé les outils dont elles ont besoin pour avoir la vie dont elles ont besoin et pour interagir avec les patients de la manière dont elles ont été formées.
DRE SARAH HANAFI : Oui, je suis assez en accord avec ce qui a été dit.
Si je reviens à ce que Kevin vient de dire, comment est-ce que l'on peut défaire ce que les gens ont appris?
On met beaucoup l'accent sur la formation de la justice, de l'équité, défense de droits, mais en fait dans les cultures de nos grandes institutions, ce sont en fait des choses qui ne sont pas prisées ni valorisées.
En ce moment, les fournisseurs de soins sont des professionnels, ils ont un rôle clinique et on ne les voit pas comme étant des personnes à part entière.
Une fois que nous rentrons dans nos institutions, on nous dit que quand on essaie de dire la vérité, ce n'est pas récompensé, c'est plutôt le contraire.
Nos fournisseurs viennent de différentes cultures, de différentes ethnies et représentent, en fait, les citoyens.
Ils peuvent être des connexions très précieuses, particulièrement pour les populations les plus marginalisées.
Aussi, ce qu'on a besoin de faire différemment d'après moi, et on en a un peu parlé, c'est qu'on doit investir dans les approches de prévention.
Nous avons besoin de plus en plus d'avoir la santé dans tous les aspects, parce que la santé ne vient pas d'un hôpital.
Si c'est le cas, c'est un échec.
La politique de santé devrait être présente avant que quelqu'un ne se retrouve comme patient à recevoir des soins.
DR ALIKA LAFONTAINE : J'espère que ce sont des choses que nous allons pouvoir faire différemment à l'avenir.
Merci de vos commentaires.
Marcia, vous travaillez depuis 15 ans et moi, 12 ans, Sara, je ne sais pas, vous êtes infirmière depuis longtemps, et Kevin, vous êtes là depuis toujours et vous avez travaillé dans différents environnements et Sarah Hanafi, vous êtes en 5ᵉ année de médecine, mais ça fait neuf ans que vous êtes étudiante.
Je ne dis pas que tout était bien dans l'ancien temps, mais est-ce que le système fonctionnait par le passé ou est-ce qu'il ne fonctionne plus maintenant?
Est-ce qu'il a changé à un moment donné ou est-ce que c'est le monde qui a changé et la profession qui a changé?
Pourquoi on a l'impression que les choses sont véritablement brisées maintenant?
Est-ce que c'était mieux par le passé?
DRE MARCIA ANDERSON : Écoutez, ça vaut la peine d'y penser, parce que notre système n'a jamais bien fonctionné pour tout le monde dans ce pays.
Ça a été mentionné par le passé, mais on sait très bien que les personnes autochtones ont toujours été mal servies, qu'ils s'agissent de question de logement, d'éducation, d'emplois qui affectent la santé.
On se dit que parce qu'une personne est Autochtone et en milieu urbain, il a nécessairement accès à de meilleurs soins de santé, mais il n'y a aucune donnée pour le prouver.
Il y a aussi l'aspect de la colonisation qui nous affecte d'une façon ou d'une autre.
Ces mêmes lacunes sont vécues par les gens de couleurs, ceux qui n'ont pas de logement ou qui sont mal [INAUDIBLE]
par les femmes ou par les hommes, etc.
Donc, il y a beaucoup de gens qui n'ont jamais bien été desservis par le système de santé et qui n'ont pas eu accès, finalement, à une santé de qualité.
C'est très important parce qu'un des principes clés, c'est qu'il faut desservir ceux qui sont plus vulnérables en premier.
On sait que tous les Canadiens seront touchés par l'état de l'effectif de la santé, mais de façon différente, n'est-ce pas?
Même maintenant, quand le système de soins de santé est mal mené, qui sont les personnes les moins bien desservies?
Ce sont les plus désavantagées, comme d'habitude.
Si on mettait les besoins de ces populations au cœur du système, cela renforcerait le système pour tout le monde.
Je ne sais pas qui l'a dit, mais offrir des soins de meilleure qualité peut nous permettre d'économiser sur le plan financier.
Alors, qu'est-ce qui a changé?
Tout d'abord, autrefois, certains ont été bien desservis.
Donc, on était prêt à faire fi ou à ignorer ceux qui n'étaient pas bien desservis par le système de soins de santé.
C'est un peu comme au début de la COVID.
Maintenant, on est tous touchés, pas de la même façon, mais on est tous touchés.
Donc, il y a une attention nationale qui est portée sur la question et je pense qu'il faut saisir cette opportunité pour recentrer le système sur les plus vulnérables.
Autre chose qui s'est produite, et ça découle de la diversité croissante de la main-d'œuvre : le harcèlement, la discrimination, le racisme ont une incidence sur les effectifs également.
Si on ne traite pas nos collègues avec respect et si nos collègues vivent des microagressions racistes, ça nuit au système, ça nuit à tout l'effectif de la santé.
Je pense que nous avons de nouvelles données parce que l'effectif a évolué et ça nous donne la possibilité de réagir de façon différente.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci beaucoup Marcia.
Est-ce que les autres conférenciers aimeraient intervenir?
DR KEVIN SMITH : J'aimerais aborder, finalement, le côté positif, mais le docteur Lafontaine a dit que je suis là depuis toujours, j'ai l'impression d'être très vieux maintenant.
L'autre réalité, regardez notre discussion ce soir : la plupart des thèmes abordés n'ont jamais été abordés par le passé.
La plupart des conférenciers n'auraient pas l'aspect qu'on a ce soir.
Les thèmes abordés n'auraient pas été abordés lors d'une réunion de l'AMC, n'est-ce pas?
Alors, je pense que toutes nos structures culturelles ont évoluées.
Depuis 20, 25 ans, les gens expriment finalement leur manque de satisfaction clairement et ça, c'est souvent synonyme d'une impression que le système va mal.
Mais dans l'hôpital où je travaille, on a toute sorte de services, des soins à domicile, etc.
Et maintenant, on ouvre finalement un centre de logement dans notre hôpital.
Ça n'aura pas été possible il y a 15 ans.
Donc, je comprends que les gens sont plus découragés que jamais, mais quand je regarde la réalité, les questions auxquelles on s'attaque, on s'attaque à ces questions ouvertement.
On parle des gens mal desservis, n'est-ce pas?
On parle de la qualité de la vie professionnelle.
Alors ceci m'encourage.
C'est frustrant parce que l'on constate qu'il y a des problèmes, mais on aborde ces problèmes et pour moi, c'est très positif.
On n'a pas de solution toute faite.
Par le passé, on n'aurait même pas essayé de trouver des solutions, on n'aurait jamais été assez courageux pour admettre qu'il y avait des problèmes.
Le passé n'était pas si fantastique que cela, vous savez.
DR ALIKA LAFONTAINE : Sarah.
DRE SARAH HANAFI : Qu'est-ce qu'on pourrait faire différemment?
Je peux seulement comparer avec mes neuf ans de carrière.
Une chose qui a changé, c'est qu'autrefois on avait un meilleur accès aux soins primaires qui étaient axés sur les relations.
Maintenant...
Les critères d'accès ont évolué et la nature des soins a évolué.
On est obligé de dispenser les soins plus rapidement à cause de la pression exercée sur les fournisseurs.
Donc, ça mène finalement à moins de soins préventifs.
On met moins l'accent sur l'environnement ou le contexte dans lequel évolue le patient et ceci a évolué.
C'est très différent aujourd'hui.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci beaucoup.
SARA FUNG : On a une bonne discussion.
Quand j'ai commencé il y a 15 ans, on n'avait pas les réseaux sociaux.
Moi, je fais les baladodiffusions, etc., et ce ne serait pas possible sans les réseaux sociaux.
De savoir que j'ai une voix et que je puisse exprimer ma voix, c'est très enrichissant parce qu'en tant qu'infirmière, on ne m'a jamais appris à défendre mes droits.
On m'a appris qu'il fallait que je m'occupe des patients, mais je ne savais pas que je pourrais finalement défendre mes droits ou les droits de mes collègues.
Ça, c'est une évolution que je constate.
La COVID a fait émerger ouvertement les questions qui existent depuis tant d'années.
La pénurie d'effectifs, par exemple, ça a toujours existé, mais maintenant on est prêt à nous écouter.
C'est à nous finalement d'être à la hauteur de la tâche et de parler des questions pour qu'elles ne soient pas limitées à notre secteur.
Il faudrait que ce soit de notoriété publique.
DR ALIKA LAFONTAINE : Kevin.
DR KEVIN SMITH : Quand je regarde la population de patients que nous desservons, ces gens-là ne seraient pas en vie il y a 15 ans.
On s'occupe de gens souffrant de maladies, de cancer qui sont chroniques, de maladies chroniques ; la population est bien différente.
C'est fantastique pour les patients, mais c'est également un grand défi pour les fournisseurs, parce que nous devons continuellement innover pour desservir ou pour satisfaire au besoin des patients.
DR ALIKA LAFONTAINE : Marcia.
DRE MARCIA ANDERSON : Oui, d'accord.
Je voulais vous faire remarquer que les deux choses peuvent être vraies.
On peut progresser et on peut ne pas réaliser nos objectifs rapidement.
Si je pense aux livres de Kennedy sur l'histoire du racisme aux États-Unis, on disait qu'il y avait un choc entre le racisme et le progrès vers l'antiracisme.
Que nous montrent les indicateurs?
Un rapport récent au Manitoba a montré finalement que la durée de vie de tout le monde est maintenant plus élevée, mais pour les Autochtones, c'était le contraire.
Il y a des écarts qui se creusent entre ces deux populations.
Même quand on a un progrès, le progrès n'est pas au même rythme pour tout le monde.
Alors, ce n'est pas une situation juste ni équitable pour tout le monde.
Je suis d'accord avec ce que dit Kevin et j'apprécie les conférenciers.
J'apprécie vos différentes perspectives.
On a vu un certain progrès à un certain niveau, mais on n'a pas vu de progrès qui sont équitables pour tout le monde.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci, Marcia.
Pour les participants, on garde un œil sur les questions qui sont envoyées.
On en a 21 jusqu'à présent.
On va commencer à répondre aux questions très bientôt.
Si vous avez une question que vous voulez poser ou si vous voulez voter pour une question en particulier, faites-le.
Je vous encourage à le faire maintenant.
On va passer à vos questions dans six à sept minutes.
On a beaucoup parlé de la définition du problème.
Maintenant, on devrait peut-être parler des solutions qui peuvent être mises en œuvre.
Une question pour les conférenciers, on va commencer avec vous Kevin.
Qu'est-ce qui est nécessaire, à court terme, pour stabiliser la main-d'œuvre, la formation, les mesures de rétention, d'attraction, etc.?
DR KEVIN SMITH : Comme j'ai appris des infirmières, il faut tout d'abord parler de la rétention avant de parler de l'attraction.
Comment on peut retenir ces travailleurs qualifiés?
Il faut écouter les infirmières.
Que veulent ces infirmières?
Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer leur vie professionnelle et leur vie privée?
On ne met pas en œuvre une pratique complète.
Il faudrait mettre en œuvre ces pratiques globales pour améliorer la vie professionnelle et la vie privée des professionnels.
Il faut qu'on se tourne vers les autres systèmes de santé dans le monde.
Il va falloir qu'on réfléchisse à modifier notre modèle et il va falloir mettre en œuvre les nouvelles technologies, la santé numérique par exemple, les systèmes de surveillance qui appuient les fournisseurs et les patients, puis centrer et focaliser les soins sur le patient, mais également appuyer les fournisseurs, surtout ceux qui œuvrent dans les soins primaires.
Pourquoi les soins primaires ne sont pas très attrayants?
Bien évidemment, il faut penser à comment protéger, comment appuyer et étayer ces fournisseurs.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci Kevin.
Sarah H.
DRE SARAH HANAFI : Oui, d'accord.
Une mise en contexte.
Je vais vous parler de ce que l'on peut faire à court terme si on a la volonté administrative et politique.
Pendant la pandémie, en situation de crise, on a su transformer notre système, on a offert des soins virtuels.
Autrefois, ce n'était pas possible.
Il faut qu'on voie la crise actuelle comme une crise urgente.
On a besoin des conditions qui respectent la dignité des fournisseurs.
Je suis ici au Québec.
Mes collègues sont obligés de travailler des heures supplémentaires.
On ne peut pas s'attendre ou exiger que les fournisseurs continuent à travailler dans un système qui ne les respectent tout simplement pas.
Une deuxième solution rapide : une rémunération qui reflète la valeur des fournisseurs.
On continue à ne pas avoir d'équité salariale.
Pour les médecins, ça ne reflète pas la charge administrative, par exemple.
Dans certaines administrations au Canada, on n'a même pas accès à des ordinateurs au bureau ou à de l'eau potable.
Il faut écarter l'exceptionnalisme dans le système de soins de santé.
On pense qu'on ne devrait pas demander plus, mais ce sont des questions qui nous stressent et mènent donc à l'inefficacité.
Il faut investir dans les outils numériques, ça devrait être une priorité, parce que les technologies peuvent réduire notre charge administrative.
Pour chaque patient, je dois utiliser cinq outils pour faire une seule réservation.
Moi, j'ai été formé en Alberta, c'est un bon exemple, on peut s'en inspirer.
Nous avons des outils pour y arriver et on devrait agir dès maintenant.
Je pense qu'on a attendu trop longtemps pour mettre en œuvre ces outils.
Il faut qu'on prenne des décisions axées sur les preuves parce qu'en utilisant les outils numériques, on peut automatiser certaines des tâches, n'est-ce pas?
Et à court terme, il faut changer la culture entre les fournisseurs et le gouvernement.
On doit être perçu comme étant un partenaire sur un pied d'égalité.
Les gouvernements ne peuvent pas toujours nous critiquer.
DR ALIKA LAFONTAINE : Marcia, suivie de Sara F.
Ensuite, on va passer aux questions du public.
Marcia.
DRE MARCIA ANDERSON : Très rapidement, j'aimerais entendre les commentaires de Sara Fung.
Également, une première priorité pour moi serait de nous pencher sur le modèle de financement pour les soins primaires.
Il faudrait examiner toutes les façons possibles pour améliorer l'accès aux soins primaires en mettant l'accent sur les soins en équipe.
Je voulais tout simplement vous dire cela avant de céder la parole à Sara Fung.
SARA FUNG : C'est une question qui m'a été posée. Pour les infirmières praticiennes, surtout celles en soins primaires, on est payé un taux horaire, en fait.
Les infirmières praticiennes dispensent des soins de façon très différente de la façon dont les médecins dispensent des soins.
Pour ce qui est d'offrir les meilleurs soins, c'est mieux de payer les médecins et les infirmières un salaire.
Les infirmières veulent pouvoir dispenser les soins de la meilleure façon possible.
Il faudrait qu'on ait une loi pour l'obliger.
Ça nous permettrait de ne pas seulement retenir, mais d'attirer à nouveau ceux qui sont partis du système.
Il faudrait mettre l'accent également sur les mesures d'appui pour la santé mentale.
Il y a tellement de stigmatisation dans le système et si on souffre de troubles mentaux, on ne peut pas travailler convenablement.
Il faudrait également qu'on sévisse contre l'abus verbal et physique.
Il y a une pénurie également de personnel de sécurité.
Il faudrait que ça change.
Du point de vue des infirmières, il faudrait des horaires plus souples, plus de mesures d'appui pour les parents qui travaillent.
C'est tout un défi pour beaucoup de parents qui veulent travailler dans le domaine de la santé.
DR ALIKA LAFONTAINE : Ce sont des questions que je voulais aborder.
Maintenant, nous allons poser les questions du grand public.
On en a reçu pas mal pour les conférenciers.
Je vais poser une question à chacun d'entre vous et j'espère que je vais poser la bonne question à la bonne personne.
Je vous encourage à continuer à envoyer vos questions.
On va essayer de répondre au plus grand nombre de questions possible.
Une question de Joel Bradley, c'est une question pour Marcia : « Est-ce qu'on sait combien de médecins, il faudrait par Canadien?
On n'en a pas assez, on n'en a pas assez en formation non plus.
Ce n'est pas éthique, ce n'est pas acceptable d'aller recruter à l'étranger. » On va commencer avec Marcia et je demanderai peut-être aux autres d'intervenir également.
Marcia.
DRE MARCIA ANDERSON : La réponse rapide est qu'on ne connaît pas la réponse à cette question.
Personne ne le sait, on n'a pas cette information pour tous les secteurs.
Certains vous diraient que c'est un problème de répartition, mais nous n'avons pas assez de professionnels.
On n'a pas une répartition qui correspond aux centres de population.
On voit beaucoup de provinces qui font des annonces sur le recrutement.
Au Manitoba, on a recruté massivement des infirmières, des médecins et d'autres professionnels de la santé.
Il faut comprendre que ça va nous aider à combler les besoins.
On a également annoncé plus de places en médecine et en sciences infirmières, mais ça prend plusieurs années avant que ces personnes soient prêtes à travailler.
Sarah, par exemple, étudie depuis neuf ans.
Il y a un écart entre l'augmentation du nombre de places et le début du travail de ces médecins ou infirmières.
Il y a la question du vieillissement, mais il y a également les autres facteurs.
Nous devons donc nous pencher sur les politiques qui créent des écarts de santé.
Il faut qu'on étudie ces facteurs également quand on essaie d'estimer les besoins en professionnels de santé.
Vous avez dit que ce n'est pas acceptable de recruter à l'étranger.
Il y a des déclarations à l'échelle internationale là-dessus pour décourager le recrutement dans les pays qui vivent des pénuries d'effectifs.
Également, il y a plusieurs possibilités, nous avons des Canadiens qui ont été formés à l'étranger et qui vivent et travaillent à l'étranger.
On pourrait essayer de les retirer.
On pourrait également viser les professionnels de la santé qui sont déjà au Canada et qui ne travaillent pas dans la santé.
Il faudrait faciliter leur entrée dans le système.
Ça nous permettrait de régler une partie du problème.
DR ALIKA LAFONTAINE : Sarah H.
DRE SARAH HANAFI : J'aimerais ajouter ce qui suit.
Du point de vue d'une apprenante, c'est une information très importante, parce que les apprenants doivent faire des plans de carrière sans vraiment savoir quels sont les véritables besoins et quelle sera la composition de l'effectif.
Ça mène à une situation où il y a une déconnexion entre la formation et les débouchés ou les occasions.
Il faudrait finalement qu'on puisse faire correspondre la formation médicale avec les emplois disponibles.
DR ALIKA LAFONTAINE : Je ne peux pas demander à Kevin d'intervenir parce qu'il s'est absenté.
Passons à la prochaine question de Marc Bilodeau : « Pourquoi ne pas utiliser les infirmières praticiennes et les médecins adjoints? » SARA FUNG : C'est une bonne idée.
Utiliser les infirmières praticiennes de façon intégrale, c'est quelque chose que l'on devrait envisager de faire.
Il y a des centres de soins de soins primaires qui sont dirigés par les infirmières praticiennes et traditionnellement, on les finance en milieu éloigné.
On devrait peut-être créer d'autres de ces centres en milieu urbain.
Je pense que c'est quelque chose qu'on devrait envisager de faire.
Il faudrait également dire aux infirmières qu'il y a des possibilités.
Si on regarde aux États-Unis, il y a beaucoup plus d'infirmières praticiennes par habitant qu'au Canada parce qu'on ne permet pas aux infirmières praticiennes de pratiquer à la hauteur de leurs compétences.
Beaucoup de gens ne savent pas qu'on peut être traité dans certains cas par une infirmière praticienne.
DR ALIKA LAFONTAINE: C'est quelque chose qu'on devrait envisager de faire.
D'autres interventions des autres panélistes?
Non, d'accord.
Passons maintenant... Oui, oui, vas-y.
DRE MARCIA ANDERSON : J'allais tout simplement dire qu'il faut qu'on examine ce qu'on finance exactement au Canada.
Trop souvent, nous avons formé plus de gens que le système peut absorber.
Il faut faire en sorte qu'il y ait des postes qui puissent être occupés par les gens qui sont à l'université ou qui sont en formation.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci.
Ce que vous dites est très valable.
Passons maintenant à la prochaine question de Michel : « Beaucoup de travailleurs de la santé se plaignent de devoir passer du temps sur les tâches inutiles.
L'AMC a-t-elle envisagé d'encourager les gouvernements à adopter des lois pour réduire cette charge administrative? » Très rapidement, la réduction de la charge administrative, c'est une priorité de l'AMC.
Nous avons plusieurs activités qui sont en cours.
On exerce des pressions auprès des parties prenantes pour que la situation s'améliore, mais quelqu'un doit faire le travail.
Ce n'est pas en rapport direct avec les soins, mais quelqu'un doit commander le papier hygiénique et doit remplir les formulaires.
J'aimerais poser la question à Kevin.
J'imagine que c'est quelque chose auquel vous êtes aux prises.
DR KEVIN SMITH : Oui, c'est une discussion qu'on a assez souvent.
On veut tous se simplifier la vie.
Souvenez-vous du bureau sans papier.
Maintenant, j'ai encore plus de papier que jamais.
La technologie n'a pas été la solution idéale.
Quelle est l'exigence minimum?
Comme vous avez dit, il y a certains formulaires, certains documents qui doivent être remplis. Est-ce qu'on ne pourrait pas parler de domaines où on pourrait tout simplement réduire la charge administrative?
Si vous savez que la plupart de vos patients ont besoin d'une ou deux visites à domicile, pourquoi l'on passerait plus de temps sur le remplissage de formulaires?
Si une personne a besoin de visites intensives, que ce soit ainsi, mais je pense que si tout va bien chez le patient, on pourrait réduire la paperasse.
Si les choses vont mal, il va falloir, bien entendu, remplir plus de documents.
On a suivi le modèle américain, les autres pays également et nous nous préoccupons peut-être trop des documents plutôt que de dispenser les soins.
DR ALIKA LAFONTAINE : Avez-vous des commentaires?
SARA FUNG : Je n'ai pas vraiment de solution rapide à ce problème.
J'ai siégé autrefois sur plusieurs comités.
Certains systèmes n'ont pas été élaborés ou conçus par les cliniciens en première ligne.
On parle de dédoublement.
Le système a été conçu et ensuite, on a demandé l'apport des fournisseurs.
À ce moment-là, c'est très difficile de changer le système.
Je ne sais pas s'il y a une solution facile, mais du point de vue des patients, c'est très difficile quand il n'y a pas un seul graphique, il y a beaucoup de photocopies, il y a des CD qui sont envoyés ; c'est très fragmenté.
DR ALIKA LAFONTAINE : Donc, nous allons peut-être joindre les deux commentaires qui arrivent de Johnny et Elkie parce que les deux semblent aborder un thème semblable : « Nous continuons à faire des investissements à court terme pour résoudre la maladie, mais nous devons avoir des solutions à long terme.
Est-ce qu'on serait mieux si on pouvait prendre un peu plus de distance par rapport au gouvernement ? » et puis, Elkie dit : « On devrait changer la façon dont on pratique la médecine.
Des changements importants ont lieu dans d'autres modèles et on devrait appliquer le modèle du bien-être dans la société et prioriser le bien-être. » Donc, je vais poser cette question-là à Sarah H.
DRE SARAH HANAFI : Oui, j'apprécie cette question.
C'est une question très vaste.
Rien que d'essayer de faire collaborer un gouvernement fédéral et un gouvernement provincial, c'est déjà assez compliqué.
Même quand il s'agit de faire de petits changements progressifs sur la façon dont on participe à ces questions, c'est difficile, en fait, d'imaginer que les gouvernements nous permettraient de les enlever de l'équation.
C'est difficile d'imaginer, mais je crois certainement que ça pourrait donner plus de stabilité.
D'un point de vue du Québec et au Québec, on a tendance à faire des réformes d'un gouvernement à l'autre et on change le système avant même d'avoir compris quels allaient être les effets de nos changements.
Ce qui est malheureux là-dedans, c'est que les gens commencent à se fatiguer d'avoir des changements constants.
Il faudrait avoir une structure qui permette une vision à plus long terme.
Je ne sais pas de quoi ça aurait l'air et ce qui pourrait nous aider en tant que pays à y arriver.
Nous avons des problèmes d'ordre d'infrastructure qui nous empêchent de travailler envers une vision à long terme dont nous avons absolument besoin.
Pour la deuxième partie, quand il s'agit de parler d'un modèle de bien-être, ça revient à ce qu'on essaie d'encourager.
Est-ce que la santé veut dire que vous voyez un médecin quand vous ne vous sentez pas bien ou une infirmière et vous les voyez toujours dans un centre de santé aigu?
Dans ce cas-là, ça n'a rien à voir avec le modèle de bien-être à long terme.
Je vais vous donner un exemple local.
Dans les années 70, le Québec avait commencé ce que l'on appelle les CLSC.
Le principe derrière le CLSC, c'est que les citoyens pouvaient venir à un centre, être reçus par quelqu'un, n'importe qui, pour savoir ce dont ils ont besoin, pourquoi ils s'y présentent.
Puis, dépendant de la conversation, une conversation de triage, peut-être qu'ils ont besoin d'un nutritionniste, peut-être qu'ils ont besoin d'un psychothérapeute, peut-être d'un médecin, une infirmière, etc.
En fait, ça rend les problèmes des gens moins médicalisés, mais ça aide aussi à faire du travail de bien-être à long terme et ça se base dans la communauté.
Si vous soignez les gens dans leur propre communauté et que l'on comprend le système scolaire, ce qui se passe et quel type d'organisme communautaire peut offrir quel type de service et on comprend le milieu socioéconomique de là où on se situe, on peut vraiment aider les gens.
J'ai travaillé comme consultante dans un CLSC.
Ce sont des centres qui ont de bonnes ressources et quand ça fonctionne bien, c'est merveilleux.
Ils peuvent empêcher bien des gens de se présenter dans des hôpitaux de façon non nécessaire.
On peut référer des gens à des psychothérapeutes, à des psychiatres, à toute sorte de gens.
Donc, c'est un modèle de bien-être, mais ça veut dire qu'il faut vraiment investir dans des soins autres que des soins de santé directs.
DR KEVIN SMITH : Oui, je suis tout à fait d'accord avec ce que Sarah vient de dire.
Les modèles de bien être ne sont pas nécessairement des modèles de soins médicaux.
Il faut penser à ceux qui sont les personnes qui peuvent apporter des paradigmes de bien-être, qui est-ce qui peut aider les patients.
Nous savons que des patients qui sont souvent dans des environnements plus sociaux ont de meilleurs résultats.
À la question de Johnny, je pense que quand les gens sont véritablement malades, ils ont besoin d'avoir des interventions rapides et bonnes, mais on veut aussi avoir des soins préventifs et un meilleur entretien du corps.
Personne ne veut choisir entre l'un et l'autre.
On veut être sur un spectre. Aussi ce qui est important, quand je regarde des endroits où le gouvernement est plus distant, par exemple les Américains, là, ça devient encore un environnement plus difficile, d'après moi parce que les populations sont de plus en plus marginalisées.
Mais sans cette lentille ou cette imputabilité politique et que tout devient trop distant, trop loin du gouvernement, on perd, je crois, on y perd, parce qu'on n'a pas les discussions que l'on a besoin d'avoir et on n'est pas autant responsable envers la population.
Ça peut devenir une expérience très frustrante.
Aussi, c'est qu'on ne peut pas blâmer le gouvernement pour tout.
Souvent, quand je participe à des débats ou que j'écoute les débats, je suis très déçu.
On dépense peut-être plus de budget sur les soins de santé, mais on n'en parle pas pendant les débats politiques.
Les débats ne sont pas à la hauteur des attentes de la population.
DRE MARCIA ANDERSON : Par rapport au commentaire que Sarah a fait, si on revient au rapport du sénateur Keon, 50 % des résultats de la santé de quelqu'un dépendent de leur revenu, de leur logement, de leur alimentation.
Alors, il s'agit ici de combler les lacunes pour pouvoir défendre aussi notre système de santé.
Il y a une espèce de concurrence qui existe entre le financement du système de santé et réallouer des allocations à autre chose.
Les réponses ne sont ni rapides ni faciles, mais pour améliorer la santé des gens, certaines choses sont nécessaires.
J'ai fait mon doctorat à Hopkins au milieu des années 2000 et j'ai beaucoup aimé le travail de quelqu'un sur la santé politique.
Il y a beaucoup d'études sur les types de décisions politiques qui doivent être faites pour différentes populations.
Par exemple, on peut examiner le nombre d'années qu'un pays a eu un gouvernement de droite ou de gauche.
Ça veut peut-être dire différentes choses à différentes personnes, mais il y a une corrélation entre ceci et la santé de la population.
Il y a un rôle pour les patients, certainement, dans le système et il y a aussi un rôle pour nous tous de participer à la démocratie.
Donc, on peut débattre de quelle distance on devrait avoir entre nos organisations et le gouvernement et l'imputabilité et la transparence que les gouvernements doivent avoir envers les investissements et comment ça peut se traduire pour la population.
Ce qui est important, c'est que les professionnels de la santé doivent se sentir en sécurité s'ils partagent leurs avis lors de différents cycles électoraux.
SARA FUNG : Je veux juste revenir à un commentaire que Kevin a fait tout à l'heure, qui est que le gouvernement fait ce que le public exige.
Je crois que le gouvernement doit faire un meilleur travail quant à chercher ses opinions parce que souvent, les utilisateurs qui se servent le plus du système sont ceux qui n'ont pas de voix et qui sont les plus marginalisés. Ça, c'est important.
Une autre chose que je voulais mentionner était que oui, c'est vrai qu'on est très centré sur les hôpitaux dans notre système de santé.
De mettre plus de ressources là, c'est peut-être mieux de mettre de l'argent dans les soins de santé à domicile, parce que souvent les patients préfèrent ça.
C'est plus efficace d'un point de vue du coût, mais aussi l'expérience du patient est préférable et cela s'applique à toute sorte de soins de santé aussi.
Donc, il faut être un peu plus créatif dans la façon dont on envisage les soins de santé.
Aussi, c'est vrai que les emplois dans les hôpitaux paient plus.
Il faudrait peut-être attirer les gens dans d'autres types d'environnement qui paient aussi bien.
DR KEVIN SMITH : Je suis entièrement d'accord avec Sara sur tout ce qui concerne les soins à domicile.
Quand nous parlons aux patients, ce sont les points de transition qui sont les plus importants et là où les fournisseurs ont le plus de frustration.
Les gens disent toujours : « Je veux retourner chez moi et être fonctionnel », mais nous sommes tous en train de travailler dans des silos.
On a besoin de changer ce point de transition entre les soins primaires, primaires, primaires et spécialistes, spécialistes, spécialistes, admission à l'hôpital, hôpital et après ça, soit aller dans des soins de longue durée ou à la maison.
Chaque fois que le patient change d'environnement, ils nous disent toujours qu'ils sont très frustrés quand ils doivent changer d'un endroit à l'autre, parce qu'on leur donne une information ici, une information là-bas et après ça, on leur dit quand ils arrivent au nouvel endroit : « Ah non, ce n'est pas ça. » Puis, cela nuit à la confiance des patients envers le système, parce que tout est financé par des silos différents.
DR ALIKA LAFONTAINE : Nous n'avons pas beaucoup de temps à notre disposition encore et nous n'avons que quelques minutes.
J'espère que nous allons pouvoir répondre à peut-être trois questions de plus.
À présent, nous avons une question de Don Wilson.
Je veux juste modifier les choses un petit peu.
Je veux inclure tout le monde.
« Il y a une disparition d'omnipraticiens.
Nous avons de plus en plus de spécialistes trop spécialisés dans des silos et ça ne desserre personne.
Je voudrais avoir plus de soutien pour les omnipraticiens et réduire les transferts dans les centres urbains. » Sara F, vous voulez peut-être répondre à la question?
SARA FUNG : Au Canada, on dit que les soins de santé devraient être accessibles et équitables, mais la vérité est que si vous habitez dans une zone rurale, vous êtes désavantagés.
Je me suis occupé de patients qui viennent du Grand Nord et parce que je travaillais là, j'ai remarqué, par exemple, que lorsqu'ils devaient accoucher, ils devaient quitter leur communauté des semaines avant d'accoucher pour pouvoir accoucher dans une grande ville urbaine parce que c'était tout ce qui était disponible.
Alors, si on pouvait apporter les soins de santé chez eux, ce serait de grande valeur.
Il faut aussi rendre les conditions propices à encourager les donneurs de santé de déménager dans ces endroits-là.
Il faut trouver des solutions plus intéressantes, parce que si vous habitez dans une zone isolée, on ne peut pas simplement vous dire : « Bien, vous n'allez pas recevoir les soins dont vous avez besoin. » DRE SARAH HANAFI : Oui, c'est une question vraiment très importante et centrale parce que ça commence dans l'environnement de formation.
Quand on est en train de former les gens et qu'on a des fournisseurs de soins de santé ruraux et de zones isolées, s'il y avait des professeurs de ce genre, ce serait de grande valeur.
Par exemple, en Alberta, on pouvait faire notre première année d'internat clinique dans le Grand Nord ou dans une zone rurale familiale.
J'ai beaucoup de collègues qui ont fait ça et finalement qui se sont dirigés dans la médecine rurale.
L'année où j'ai terminé mon diplôme, les postes étaient plus prisés.
Donc, c'était la clé du succès.
Quand on est en train d'accueillir les étudiants en médecine, il faudrait savoir d'où ils viennent aussi.
Il faudrait aussi s'orienter vers eux, parce que s'ils viennent d'une zone rurale, il y a une plus grande chance, qu'ils vont vouloir desservir leur propre région.
Dans mon programme, nous avons une opportunité pour ceux qui le veulent d'aller travailler dans des communautés autochtones mal desservies, par exemple, les territoires Cris et Nunavik.
Après ça, certaines personnes décident de rester là ou au moins restent là à temps partiel et ça change la façon dont ils servent et dont ils aident ces patients, surtout dans les situations de transfert.
Donc, ça commence par qui on accepte en école de médecine, comment on les forme et ce que l'on fait pour les orienter.
DR ALIKA LAFONTAINE : Merci.
DRE MARCIA ANDERSON : Je veux juste ajouter quelques petits détails, parce que je suis entièrement d'accord avec ces commentaires.
Je suis tout à fait d'accord avec l'idée d'avoir plus de généralistes et de prendre en compte tout ce qui est région isolée et rurale.
Nous avons vu un gros virage.
Nous avons vu beaucoup de changements.
Nous avons plus de médecins maintenant qui pratiquent à temps partiel dans une zone rurale et une zone urbaine.
S'ils sont, par exemple, en urgence dans une zone urbaine, ça améliore les soins en zone rurale. Mais évidemment, il faut avoir un peu plus d'infrastructures et il faut accommoder les gens, il faut les loger et les aider à rester connectés à leur famille malgré l'endroit où ils sont.
Ça veut dire aussi beaucoup de communication, de bons réseaux.
Si on n'est pas dans une pratique à temps complet, il faut que les gens qui reçoivent les soins sentent que la personne est véritablement là même si elle est là à temps partiel.
On peut aussi offrir du soutien virtuel, à distance, pour ceux qui habitent dans une zone rurale.
Ce que nous avons vu ici, dans nos soins de santé, c'est que les gens veulent plus de souplesse, plus de flexibilité par rapport à leur pratique.
Aussi, ce que j'ai remarqué, c'est que nos médecins ne sont pas responsables de choisir et de trouver les locaux.
Nous, on peut le faire parce que ça, c'est très difficile pour eux s'ils doivent trouver leur propre remplacement, s'ils ont besoin de prendre des vacances ou s'ils doivent s'en aller parce qu'il y a un problème dans la famille ou je ne sais pas quoi.
Donc, il faut avoir des réseaux.
Nous, on peut aider et ça soulage le fardeau.
Ça nous permet non seulement de recruter les gens, mais de les retenir et de les garder avec nous.
DR KEVIN SMITH : Il y a beaucoup de documentation internationale sur comment attirer les gens dans le domaine de la santé rurale et je crois que souvent, on ignore cette documentation.
Docteur Lafontaine, ça pourrait être une zone d'intérêt pour vous, parce que je crois qu'on pourrait mettre en place, ensemble, de la documentation là-dessus.
Parce que jusqu'à ce que les enfants aient cinq ou six ans, pour ces médecins-là, ça peut être un environnement très attirant.
Il faut aussi savoir s'il y a de la technologie, s'il y a un accès.
Je crois que la santé numérique nous offre des opportunités qu'on n'aurait pas eues par le passé, surtout quand on pense à la santé rurale et isolée.
Il y a aussi l'éducation à distance qui est très importante et qui nous montre que la vie rurale peut offrir une qualité de vie supérieure.
DRE SARAH HANAFI : Aussi, ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit ici d'équité, je crois.
Il est largement question d'équité pour améliorer la qualité de la vie des gens qui vivent dans les zones rurales ou isolées.
Si on peut améliorer la qualité de la vie de tout le monde, ça veut dire que la communauté est plus attirante pour un professionnel de la santé qui voudrait s'y installer.
L'accès à des divertissements, à des logements et d'autres, tout ça peut être très attirant pour les communautés qui habitent là.
Ces choses-là vont ensemble.
Je crois que si la vie était plus agréable dans ces zones-là, ce serait plus facile d'envisager que les professionnels de la santé veuillent s'y installer de façon permanente.
DR ALIKA LAFONTAINE : Nous devons arrêter au plus à 20 h 30 ce soir.
Notre dernière question ce soir : « Est-ce que l'on songe à utiliser des diplômés internationaux qui sont déjà dans les soins de santé et de les utiliser comme consultant ou autres? » DR KEVIN SMITH : Je vais commencer avec les soins infirmiers si vous me le permettez.
Nous venons juste d'engager 40 infirmières formées à l'international.
J'ai travaillé avec le Collège des infirmières et autres.
Oui, absolument, la réponse est oui.
Les difficultés de ces personnes-là sont les certifications, les accréditations, l'évaluation et la disponibilité des postes.
Personnellement, je crois qu'on devrait réfléchir à comment les facultés de médecine et de soins infirmiers et les collèges pourraient travailler avec les environnements cliniques pour dire : « On va prendre beaucoup de ces personnes qui ont été formées à l'international, on va les placer dans un centre clinique et nous allons évaluer leurs connaissances pour voir si elles sont satisfaisantes. » Les collèges sont assez nerveux au sujet de ces accréditations internationales, mais est-ce qu'il s'agit d'un octroi de permis où il y a un mentorat?
Je pense qu'on pourrait augmenter le nombre de personnes qui ont été formées à l'international et ça pourrait vraiment combler ces pénuries.
À travers le monde, nous avons beaucoup d'infirmières qui sont en train de vivre, en ce moment, dans des camps de réfugiés et ça nous semble absolument aberrant.
C'est une opportunité en or pour faire venir des collègues de zone de guerre et qui pourraient être utiles, mais cela veut dire qu'il faut aligner Immigration Canada, les collèges médicaux par province et avoir aussi une accréditation nationale.
Les solutions sont là si l'on veut s'en servir.
Sara aura le dernier mot là-dessus.
SARA FUNG : Je suis contente de savoir qu'ils ont pu améliorer ce processus pour les infirmières qui ont été formées à l'international.
Certaines sont ici, en Ontario, depuis des années et essaient d'obtenir leur permis d'exercer.
J'ai travaillé avec des préposés aux bénéficiaires qui étaient autrefois des médecins et ne peuvent rien faire d'autre que cela ici.
Je trouve que c'est dommage.
La pandémie nous a peut-être donné un moyen d'avoir un processus accéléré.
Plus peut être fait, mais c'est déjà un bon début, je crois.
DR ALIKA LAFONTAINE : Oui, merci Sara.
La dernière question avant de terminer sera une question pour une réponse rapide : « Pour stabiliser la main-d'œuvre de santé, qu'est-ce que vous pouvez prioriser? » Vous pouvez choisir seulement un mot.
On va commencer avec Sarah H.
DRE SARAH HANAFI : Ça revient à l'investissement dans les fondements mêmes et l'investissement dans les soins primaires ainsi que dans des approches basées sur les équipes.
DR ALIKA LAFONTAINE : OK. Marcia.
DRE MARCIA ANDERSON : S'il y avait une façon de se débarrasser des heures supplémentaires obligatoires pour les infirmières, je commencerais par ça.
DR ALIKA LAFONTAINE : Kevin.
DR KEVIN SMITH : Je crois que les outils que les cliniciens ont demandés pour pouvoir donner des soins de santé de qualité, par exemple avoir suffisamment de collègues qui travaillent avec eux.
DR ALIKA LAFONTAINE : Et Sara F.
SARA FUNG : S'occuper des travailleurs.
C'est la chose la plus importante parce que si on s'occupe bien des travailleurs et des travailleuses, ils peuvent s'occuper des patients comme il faut.
DR ALIKA LAFONTAINE : Alors, au nom de l'AMC et tous ceux qui ont assisté à notre conférence, merci.
Merci aux deux Sarah, à Marcia et à Kevin.
J'ai beaucoup apprécié vos commentaires et votre expertise.
Je sais que ces conversations ne sont pas faciles à avoir et nous avons parlé de choses vraiment très pertinentes.
À tous ceux qui ont assisté à la séance ce soir, nous allons vous envoyer un petit sondage.
Nous savons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire et que les conversations ne font que commencer.
Au mois d'août, nous allons avoir une conférence en personne.
Ça va être la première fois depuis trois ans qu'on se rencontre en personne, si tout se passe bien.
J'espère que nous allons vous voir à Ottawa.
Nous allons mettre l'accent sur ce que devraient avoir l'air les soins de santé.
Vous pourrez assister soit en personne, soit en ligne.
Continuons à avoir des conversations comme celle-ci.
Je suis Alika Lafontaine, président de l'AMC, et je vous encourage tous à faire partie de ces discussions.
Ce que vous faites fait une grande différence dans les soins de santé pour tout le monde.
Merci beaucoup de tout ce que vous faites.
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